"Sabine" - Maya Mihindou

On continue sur la lancée des livres d'images, cette fois avec un peu plus de douceur et de poésie. La mort de Grand-mère l'Autre, sorte de légende vivante du village de Moabi, est le point de départ d'une longue épopée à travers les forêts et l'enfance. De la bouche d'Anys ne sort aucun mot, mais c'est un petit homme très éveillé, tandis que Sasha, lui, débite un nombre incroyable de salades. Le rêve de Blanca ? Se transformer en sirène. Tous les trois tentent de retrouver l'ancien village de la défunte pour comprendre d'où elle vient, retrouver un bout de son âme et s'enquérir de ce qui se passe dans le reste du monde, de l'autre côté de la rivière. Jusqu'à Sabine, leur destination, la route est longue et les individus qu'ils croiseront formeront un bout de cet apprentissage de la vie, mais surtout de ce qu'est la Paix, en temps de Guerre.

Les dessins sont d'une minutie proche de la perfection, l'image est mouvante, évolutive, gracieuse, un peu folle, un peu floue, comme un rêve étrange sur le point de s'effacer et dont pourtant on se souviendra pendant longtemps. Et c'est sans parler des couleurs merveilleusement acidulées et des personnages délicieusement ondulés. Jamais arbre n'a eu plus bel hommage que dans ces quelques pages, c'est une forêt qui prend racine à l'intérieur du ventre et des yeux et des mains, ça respire la terre et les racines, l'eau de rivière et le poisson qui frétille. C'est en fait l'accomplissement d'un tel travail de durée, d'investissement personnel et d'écriture que c'en est troublant d'intimité. J'en ai presque rougi.

Et pour ceux qui ne sont pas encore complètement et radicalement convaincus, il y a de quoi mourir définitivement des yeux sur son blog qui est tout aussi foudroyant. De quoi tomber instantanément amoureux, ou du moins, dans une transe oculaire spectaculaire.

Pour finir, vous pouvez retrouver ici un entretien avec Maya Mihindou autour de ce livre, mais pas seulement.

par Mrs.Krobb

Sabine de Maya Mihindou

Bande dessinée / Roman graphique 

Venusdea, mars 2011

22 euros