mercredi 26 octobre 2011

"Il était une fois l'amour mais j'ai dû le tuer" - Efraim Medina Reyes

On imagine sans mal Rep comme un Iggy Pop colombien, croisé à Beigbeder pour le cynisme et cette tendance nette à être détestable tout en restant très classe. Rep raconte l'amour, en passant par les déboires de Sid et Nancy, le fatalisme de Kurt Cobain, et la femme de sa vie, qui s'est fait la malle, ainsi que toutes les autres femmes : avec dédain et résignation. L'amour, cette maladie incurable, destructrice, indéfinie et infinie, qui explose tout sur son passage bien plus fort que les bombes et les tremblements de terre qui sévissent entre deux histoires d'un soir. Alors pour tromper l'ennui, tromper le mépris ambiant, Rep s'invente une carrure en béton, une carrière de génie incompris.

C'est un récit comme une croûte qui démange et que l'on gratte jusqu'à l'os, jusqu'à se noyer dans un trou béant, suintant le désespoir, d'une intensité folle. L'amour comme un combat, comme une violence extrême que l'on s'inflige ou qui s'impose d'elle-même, voilà ce qui fait la force de ce livre - ou de la vie en général, peut-être. Le personnage est insupportable d'arrogance, de fierté et de supériorité, ce qui le rend malheureusement beau. Le décor est un pays sans rêve, où chaque homme est un lion qui rumine en cage, et le scénario est ponctué d'anecdotes sur des rock stars déchues et sur Platon, on y débat sur les termites et les vers de terre, on y casse des bouteilles, le tout dans un érotisme brûlant.

Et pour finir, il faut savoir que l'auteur a écrit un roman qui s'intitule Técnicas de masturbacion entre Batman y Robin (non traduit en français) et que ça fait forcément de lui un type génial.

par Mrs.Krobb

Il était une fois l'amour mais j'ai dû le tuer de Efraim Medina Reyes
Littérature colombienne (traduit par Rémi Anicotte)
13e note, février 2011
19.50 euros

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