mercredi 30 novembre 2011

"L'appât" - José Carlos Somoza

Ou comment donner au plus flemmard des lecteurs de théâtre, et plus particulièrement Shakespeare, l'envie de dévorer l'oeuvre entière du dramaturge.

J'entends déjà les commentaires ouais mais c'est pasque t'as jamais lu du Somoza. Eh bien non, et on s'en carre. Je me suis pris une claque phénoménale, un peu à la manière du Chuchoteur de Donato Carrisi (aux éditions du Livre de poche).

Bien que classé en littérature étrangère, ce polar vous glace jusqu'au plus petit de vos orteils, vous retourne comme une crêpe que toute bigouden serait ravie de vous préparer. Et ce jusqu'à l'épilogue.

Je m'explique.

Dans un futur très proche, en Espagne, la police psychologique a fait un sacré bond en avant. Une cellule spéciale, composée d'appâts est formée pour traquer toutes les pourritures que l'on surnomme communément serial killer (un quoi ?). Jusqu'ici rien de très original. Mais la façon de les traquer quant à elle est tout simplement géniale. Les appâts sont formés à partir d'exercices théâtraux qui reposent sur les pièces de William Shakespeare, des personnages de ses livres et du symbole qu'ils représentent.

Somoza part du principe où chaque être humain n'est que désir, et qu'il suffit de porter un masque, une tenue, d'accomplir une gestuelle, qui débloquera chez l'autre une envie spontanée de tuer, d'aimer ou tout simplement d'être contrôlé.

On suit la traque d'un tueur, baptisé "Le Spectateur", et de la meilleure des appâts madrilènes, Diana Blanco.

Bien que difficile au début (on ne comprend pas trop les termes et les techniques de Shakespeare), la curiosité nous pousse à continuer pour notre plus grand plaisir. Comme si l'auteur lui-même avait pris l'initiative de provoquer le désir de bouffer son roman en un temps record.

Putain, les amis c'était énorme. C'était grandiose. Je vais avoir du mal à me relancer dans quelque chose d'aussi excellent.

Le véritable crime ici serait de passer à côté de cette perle. Pensez-y si vous ne voulez pas vous faire traquer par votre libraire préféré.

par Loubard

L'appât, de José Carlos Somoza
Littérature espagnole (traduction de Mariane Millon)
Actes Sud, octobre 2011
23.00 euros

1 commentaire:

  1. Et pour ceux qui ont aimé celui-ci / veulent pousser plus loin, je recommande du même auteur :

    "La Dame n°13"

    et

    "La Clé de l'Abime"

    tous les deux disponibles chez Babel, Actes Sud.

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