lundi 16 janvier 2012

"La dame n°13" - José Carlos Somoza

Avant que la manipulation ne puisse se faire grâce à Shakespeare (L'appât, Actes Sud), Somoza conçoit un livre de génie. Un brin fantastique, avec une ambiance malsaine de petites filles qui surgissent de nulle part, poupées de porcelaine qui vous glacent les globules rouges.

Il imagine que la poésie (la vraie pas celle qui rend joli sur un statut facebook), peut elle aussi être à l'origine d'une manipulation physique, d'hallucinations morbides et destructrices. Pour Somoza, et pour bien des poètes, la vraie poésie est violente, cruelle, elle nous bouffe de l'intérieur pour produire en nous une folie à faire virer sa cuti à n'importe quel psy.

Qui aurait pu penser qu'un vers d'Isidore Ducasse puisse réduire l'autre à néant ? Voilà le point de départ de l'auteur.

Ajoutées à ce scénario très bien monté, il imagine un cercle de muses, nouvelles sorcières, cachées dans des corps humains, se trahissant les unes les autres pour accéder à la première place. Ici pas de sabbat ni de balais, par contre l'angoisse est au programme et je peux avouer que de lire ça aux alentours de minuit, c'est quasiment aussi rentable qu'une colique quand on éternue (vous avez l'image hein ?).

J'ai pas autant apprécié que L'appât, ce qui ne m'a pas empêché d'engloutir cette oeuvre, c'est magnifiquement écrit, on nage en plein délire littéraire, un putain d'hommage à un genre qui tombe en désuétude (et dont je ne raffole pas).

Un thriller fantastique et poétique, pari réussi. Et en plus en Babel (et malgré tout vous êtes encore assis le cul sur votre chaise, ts.).

par Loubard

La dame n°13 de José Carlos Somoza
Littérature espagnole (traduction de Mariane Millon)
Actes Sud, mars 2007
10.50 euros

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