mardi 13 mars 2012

"Le faucon maltais" - Dashiell Hammett

Sam Spade est un détective privé tout en angles aigus, de sa carrure à son caractère. Adepte des relations triangulaires et séducteur désabusé, il s'intéresse peu à ce qui l'entoure, à moins d'y mettre les sous. Ce que feront plusieurs personnes, d'abord pour des motifs assez flous. Mais après plusieurs meurtres louches dont l'un sera mis sur le dos du détective, le mystère s'épaissit et on découvre la vraie raison de ce ramdam compliqué : l'existence d'une statue en forme d'oiseau, fabriquée dans l'or le plus pur et au lourd passif royal. A lui donc de faire le tri dans les informations, les apparences, les piteux mensonges et les embrouilles sans fin. Et puis surtout, les femmes..

A l'occasion de la nouvelle traduction du livre (et de l'ignoble refonte graphique de folio policier - sérieusement, wtf ?), j'ai décidé de me plonger dans l'oeuvre de cet auteur américain dont j'ai longuement entendu parler récemment. Fait est que, wouaw. Ecrit au début des années 30, Le faucon maltais est rédigé dans un style qui parait, toujours aujourd'hui, très moderne et électrique. Avec une noirceur et un cynisme fortement marqué, on imagine l'auteur comme son héros : sec, impassible, sûr de lui. Pas un mot de trop dans ses lignes, allant droit à l'essentiel et vous pouvez bien passer par la case prison puisqu'il ne vous laissera pas le plaisir de mener le jeu. Il dévoile ses intentions comme on jette des miettes aux pigeons, de façon sporadique et désintéressée. Juste pour que vous soyez assez avides et torturés. D'ailleurs, il semble bien se foutre de l'intrigue, l'important étant de démontrer jusqu'où on peut aller dans les non-dits, les mensonges, les fausses vérités.. Mis à part son protagoniste principal, il n'hésite pas à faire de ses personnages des êtres grotesques, déshumanisés, jusqu'à les jeter en pature aux chiens. C'est la vie, on ne peut compter sur personne, heureusement qu'on a inventé l'égo.

En tout cas, si vous en avez marre de devoir trier dans les merdouilles récentes et si vous aimez les vieux films policiers américains avant guerre en noir et blanc avec des types aux chapeaux à bords qui portent des longs impers beiges, boivent du whisky sans glace et qui renvoient les femmes fatales dans leurs pénates sans états d'âme, vous allez aimer Dashiell Hammett. Bon d'ailleurs, on me signale que ça a déjà été adapté en film, alors c'est vous qui voyez.

par Mrs.Krobb

Le faucon maltais de Dashiell Hammett (traduit de l'américain par Nathalie Beunat et Pierre Bondil)
Littérature américaine
Folio policier, février 2012
6.20 euros

3 commentaires:

  1. Merci d'avoir chroniqué ce livre qui est l'un des trois grands romans de Hammett (avec "Moisson rouge" et "La Clé de verre"). Pour ceux qui peuvent, il est bien sûr préférable de le en anglais, mais si je peux me permettre, peut-être, alors que le Salon du Livre et la BNF ouvrent grandes leus portes aux traducteurs, serait-il souhaitable que le (ou les en l'occurrence) noms des traducteurs soient toujours indiqués dans vos chroniques. Bonnes lectures.
    Pierre Bondil

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  2. Vous avez bien lu: "de le... lire... en anglais". Et, plus loin, "leuRs portes
    Désolé

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  3. Voilà m'sieur Bondil, on a réparé. Ce sera gratuit pour cette fois, mais c'est pasqu'on est sympas.

    Loubard

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