jeudi 1 mars 2012

"Les voleurs de Manhattan" - Adam Langer

A Manhattan, tout le monde rêve d'être écrivain, sauf les éditeurs qui les dénigrent et les gens qui ne rêvent que de coucher avec eux. Pour cela, ils sont soit très narcissiques au point de croire que leur vie - la même que tout le monde, au demeurant - intéressera assez de gens, soit ils sont prêts à tout pour la rendre incroyable. A ne plus en savoir qui ils étaient, ni qui ils sont devenus.

Mais "Les voleurs de Manhattan", c'est avant tout un livre sur les livres. Sur l'amour du livre et sur son déclin. C'est : de quoi est fait un livre et pourquoi on le lit. C'est, comme dans la "vie réelle" : vaut-il mieux un mensonge qui rend les choses plus belles, plus fascinantes, ou une vérité fade qui reflète les côtés du monde qui nous font cracher des cendres comme des momies enroulées dans du pécu bon marché ? Personnellement, la réponse est évidente, et c'est pour cette raison que cette histoire m'a totalement emballée.

En plus de ça, pour les personnes un peu littéraires, ce livre est truffé de références très bien trouvées - palhaniuker est un verbe ô combien merveilleux, n'est-ce pas ? - et vous y trouverez même un glossaire à la fin pour que rien ne vous échappe. Les éditeurs à profits se font descendre en beauté, au même titre que les émissions "littéraires" dirigées par des Oprah en puissance, et les seuls qui s'en sortent bien sont ceux qui savent garder une certaine intégrité.

Pour couronner le tout, l'histoire atteint son apothéose quand la fiction finit par rattraper la réalité, quand on se retrouve à aller déterrer des manuscrits dans des champs, sous la menace d'un pistolet brandit par des collectionneurs fous, à l'accent improbable. Pour la beauté des aventures chevaleresques, la sauvegarde du divertissement, le vertige de l'éventail des possibles, parce que si ça vous amuse, vous pourrez vous identifier très facilement dans au moins un des personnages cités, et pour tout le reste : tadam.

par Mrs.Krobb


Les voleurs de Manhattan de Adam Langer
Littérature américaine
Gallmeister, décembre 2011
22,90 euros

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