Encre est un livre dans ce livre, dont la raison se veut noble, universelle, intrigante, inexplicable, intrinsèque. Il prétend à résoudre les injustices non avec des calculs, des équations, des analyses mathématiques, mais avec des mots. Des mots pris au hasard dans des livres, qui n'ont rien à voir entre eux si ce n'est qu'ils ont en commun des phrases identiques en sens différent, et qui formeront un livre magique qui peut consoler sans connaître le mal, libérer ce qui ne peut l'être, faire revenir les personnes qui sont parties.
Ce livre fictif a été rédigé par des hommes rendus fous par le désespoir, par la quête de résolution des injustices qui les ont frappées, dans une sorte de fièvre libératrice dont ils ne pourront dévoiler le secret à personne qui ne sera de près relié à leur malheur ou à la fabrication de cet ouvrage. On découvre alors au fil de la lecture ce qui les relie de façon plus profonde, et chacun de ces personnages sont terriblement beaux, touchants, mélancoliques, dévastés.
Vous avez là un très beau conte philosophique, intemporel, qui fait l'apologie du mot tout en le décortiquant jusqu'à ce qu'il en perde son sens. Il est tout et rien à la fois, voguant de théories en théories, n'ayant presque rien à envier à José Carlos Somoza et rappelant doucement Les Arpenteurs du Monde de Daniel Kehlman, avec une belle imagination qui appelle à chasser le nuages dans des cubes en verre, à se frotter la peau avec de l'encre, à penser que l'homme descend de la pluie...
par Mrs.Krobb
Encre de Fernando Trias de Bes
Littérature espagnole (traduction par Delphine Valentin)
Actes Sud, mai 2012
18 euros
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