lundi 27 août 2012

"Peau de lapin" - Nicolas Kieffer

Le plus curieux quand on ferme Peau de lapin, c'est d'avoir envie de l'ouvrir encore et encore et de vouloir rentrer dans l'histoire, d'en faire partie. Pour toujours. Un peu comme Alice, mais sans remonter le terrier. Alice comprend quand ça suffit les conneries, quand on lit Peau de lapin, non.

Virgil Stilton est admis dans un hôpital psychiatrique parce qu'il s'accuse d'avoir commis soixante meurtres, paplusspamoins (enfin si peut-être un mais chut). Il gagne sa place dans une bande de copains qui savent qu'ils sont fous, sauf peut-être Tim, mais il faut bien des exceptions, même dans les cercles d'amis.

Au début les psychiatres ne sont pas vraiment chamboulés par l'arrivée de l'énergumène au nom de fromage. Mais petit à petit, certains vont commencer à voir des lapins, des oiseaux tatoués qui dégainent la répartie comme certains tirent plus vite que leur ombre, on verra une fresque géante se dessiner, il sera question de Siphon, de Trou, d'Elmer la pierre qui vient du pays des histoires perdues. Des fous et des moins fous disparaîtront, momentanément, indéfiniment, définitivement.

Après une première approche dans le monde réel, on a l'impression de se balader dans le même univers que Vol au dessus d'un nid de coucou, chaque personnage ayant sa propre folie, plus ou moins guérie par son psychiatre attitré. Puis vient la deuxième partie, où l'on plonge dans un monde où la seule règle est qu'il n'y a pas de règles. Tout est décousu, fantastique, un peu comme LA descente après un pique nique sous acide, celle qui fait qu'on ne contrôle plus rien, venant à se demander comment distinguer les choses réelles de ce qui se passe dans notre tête. Ah oui, imaginez un peu la deuxième partie avec Stephen King qui vous souffle dans le creux de la tête aussi (juste histoire de).

Cette histoire n'est pas tendre, n'a pas de fin, ne blase pas, ne permet pas de rêver. Elle se contente de nous foutre une claque, une bonne grosse claque qui rend accro.

C'est aussi difficile à résumer que c'est bandant d'en dévorer les pages. Si vous êtes prêt pour le saut dans le vide, la prochaine fois que vous verrez un lapin noir, demandez-vous s'il essaye de vous grignoter le creux de l'oreille afin d'y fabriquer son terrier...
Ou si simplement vos compagnons de chambres en sont à prendre des médicaments pour pouvoir dormir afin de foutre la paix au reste du monde.

(j'ai kiffé, sa mère).
par Loubard
Peau de lapin, de Nicolas Kieffer
Littérature française
Points, février 1997
7.90 euros

1 commentaire:

  1. Très bien dit, très bien résumé, très bien perçu. C'est le livre de la folie, du frétillement doux au chaos terrible. Relu déjà quatre fois !

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