mardi 18 septembre 2012

"120 journées" - Jérome Noirez

Bluffant. Bon pas vraiment tu sais, mais moi déjà les images avec les genoux écorchés, ça m'a toujours donné envie de savoir.

Vu le titre on peut se douter que ça a quelque chose à voir avec les Cent-vingt journées de Sodome, mais pas que. Ponti pourrait être intéressé par une histoire aussi tordue. Pour les gros lecteurs, imaginez Meto écrit par Jauffrin, pour les cinéphiles, imaginez Les Choristes réalisé par Michael Haneke. Ben c'est exactement c'que j'ai ressenti quand j'ai parcouru ce bouquin.

C'est fou, glauque, chiant, passionnant, magique, troublant, malsain. Je suis passé par tous les sentiments, toutes les couleurs, une vraie palette artistique, Jérôme Noirez m'a cloué.

Huit collégiens (septplusun) se retrouvent séquestrés dans un collège, sans moyen de s'échapper, sans véritable règles à respecter, il y règne une espèce d'anarchie organisée qui peut basculer à tous moments. Les bourreaux des collégiens sont l'ancien proviseur, un pédophile, une professeur, une femme de ménage/cuisine qui a anciennement tué ses enfants. Voilà, vous êtes prévenus, y'a vraiment de quoi choquer, c'est cru à souhaits.

Ces 8 collégiens sont enfermés pendant 120 jours pour on ne sait quelle raison, mais peu importe. La folie, la survie, fait complètement oublier la curiosité du truc.

Tous les dix jours (c'est ça hein si j'ai bien compris ?) un conteur leur narre des histoires, teintées de nostalgie, d'enfance, d'absurde, d'imaginaire vraiment bien développé. On suit également l'histoire du conteur en parallèle de la vie des gosses. L'histoire de sa fille, véritable chamboule-tout, spontanée, vivante, qui contraste à merveille avec l'ambiance qui règne dans le livre.

Des tentatives d'évasion, à la soumission des gosses, en passant par le viol de l'un d'entre eux. On en prend plein les mirettes, on plonge en spectateur dans ce collège sordide. Heureusement que le conteur nous apporte un peu de fraîcheur, une vision d'adulte qui a bien tourné, qui invente ses histoires comme certains manient le tonfa et les bombes lacrymos.

Absent des médias pour la rentrée littéraire, je ne comprends pas pourquoi ce bouquin est passé sous silence, qu'on aime ou qu'on n'aime pas (il peut s'avérer être vraiment malsain par moments et notamment sur les passages pédophiles), il fait réfléchir, ne nous laisse pas de glace, on est dégoûté, ravi, enchanté, on rigole, on sue un peu quand le suspense pointe le bout d'sa tronche.

J'aime ces lectures qui vous laissent mi-figue mi-raisin, on ne s'attend à rien et on est surpris de tout. Dans le bon sens comme dans le mauvais.
Vous avez ressenti quoi d'aussi opposé en lisant la quantité gerbante de bouquins de la rentrée littéraire ?

Putain quoi. Faites moi le plaisir de pas passer à coté de ça.
Bordel. Quelle plume !

par Loubard

120 journées, de Jérome Noirez
Littérature française
Calmann-Lévy, août 2012
22.10 euros

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