mardi 29 janvier 2013

"La ballade de Gueule-Tranchée" - Glenn Taylor

Loubard : Coup d'foudre total, le cul sur une seule chaise, voire plutôt sur un gros rondin d'bois autour d'un feu. J'ai tellement englouti l'histoire que j'ai forcé Mrs. Krobb à se l'procurer pour qu'on mette notre bave à contribution, à nous les claviers ma gueule !

Mrs.Krobb : Ouaip, bizarre qu'il me soit passé devant si longtemps avant que je l'ouvre vraiment. Faut croire que s'il avait édité chez Gallmeister plutôt que chez Grasset en prime abord, j'aurais sauté dessus.

Loubard : J'ai genre juste eu l'impression qu'un conteur s'était posé dans le coin de mon oreille pour m'raconter l'aventure pas vraiment banale de ce freak à la bouche dégueulasse, qui se soigne à coup de gnôle, avec une certaine éthique mais qu'hésite jamais à dégainer à la fois pistolets et harmonica pour s'faire entendre.

Mrs.Krobb : Surtout, c'est le récit d'une époque où on avait une population de mineurs, de religieux acharnés - et ce quel que soit leur bord -, de pauvres gens, de nègres rejetés et de blancs affreux. Les gamins étaient tous non désirés, et l'alcool prohibé, les filles étaient des prostituées ou des folles, et on avait aucun mal à tuer pour sauver son honneur.

Loubard : Une saga d'environ un siècle, à la fois tendre et trash. Les mots qu'il faut, le visuel adéquat. C'est exactement ça, les images qui pointent le bout de leurs pixels, parfaitement ajustés à l'imagination. Glenn Taylor est un sacré créatif, t'arriveras pas à m'retirer ça d'la caboche mon vieux. Gagnant à coups sûrs les galons qu'il faut pour figurer parmi les auteurs américains que je préfère.

Mrs.Krobb : Difficile de croire qu'il s'agit là d'un premier roman, tant à la fois l'histoire et l'écriture sont envoûtante. C'est un livre qu'on raconte en quatre temps, comme une histoire trop longue pour être racontée avant d'aller dormir. Difficile aussi de ne pas croire qu'il pourrait s'agir d'une histoire vraie, puisqu'après tout on y parle de John Kennedy et de Chuck Berry ! Il ne manquerait plus pour parfaire le tout qu'une bonne adaptation ciné qui durerait 2h30, avec des gros mots, du whisky, et peut-être Clint Eastwood aux commandes ?

En une semaine, il avait perdu l'homme qui avait été presque un père pour lui, et appris le destin tragique de son vrai père. Il avait vu sa mère biologique cracher vers lui son venin. Et il avait embrassé sa propre sœur sur la bouche. À neuf ans, cela faisait beaucoup.
par Loubard et Mrs.Krobb

La ballade de Gueule-Tranchée, de Glenn Taylor
Littérature américaine (traduction de Brice de Mathieussent)
Points, juin 2012
7.40 euros

2 commentaires:

  1. excellente chronique/critique, je vous recommande vivement son nouveau roman toujours chez Grasset, qui s'appel "un homme loyal" et qui est très certainement le grand roman américain de 2013, une très très grosse claque.

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