jeudi 9 janvier 2014

"La fille du directeur de cirque" - Jostein Gaarder

Les lecteurs de Jostein Gaarder connaissent déjà bien la recette : un jeune enfant, souvent surdoué ou doté d'une imagination sans limites, des apparitions surréalistes, une réflexion philosophique sur le monde, des parents abîmés par la vie voire carrément manquants, une initiation, une référence à un jeu populaire, la recherche de quelque chose, ou au contraire, la fuite, et une écriture typiquement nordique... Voilà la base qui fonde chacun de ses livres (en tout cas, tous ses premiers romans) et si vous n'avez pas encore été voir, je vous avais déjà parlé de Maya.

Ce roman ne parle pas vraiment de cirque, ou alors très peu, il ne s'agit que d'une des très nombreuses histoires inventées par Petter (dit l'Araignée), même s'il s'avère qu'elle colle parfaitement bien à certains aspects de sa vie. Cet homme est avant tout un petit garçon à la très grande imagination et à l'intelligence insolente, qui voit souvent apparaître un tout petit homme à l'allure bizarre qui lui fait office de figure paternelle depuis que son vrai père a quitté la maison. Il a longtemps vécu avec sa mère, jusqu'à ce qu'elle meure, et qu'il doive remplacer le vide qu'elle a creusé par de nombreuses visites féminines, auxquelles il n'arrive pas à donner trop d'importance. Car Petter est un solitaire, et il en a besoin pour s'adonner pleinement à son activité : Aide-Ecrivain. Il déverse les rejets de son imaginaire sur papier, avant de les vendre à des auteurs en panne d'inspiration. Car lui, ce n'est pas sous les projecteurs qu'il veut être, mais en coulisses, pour tout contrôler...

Voici donc une grande réflexion sur ce qu'est l'écriture, sur son fonctionnement, sa naissance, ses obstacles, ses maîtres et ses honteux, sur ceux qui écrivent à la place de ceux qui ne récoltent que les lauriers, sur les risques que ça engendre d'être celui qui est à la base de toutes les bonnes productions.

Et puis il y a le reste : les femmes, les muses, les histoires qui en cachent d'autres, les voyages, les vides émotionnels, ou les trop plein... Si ce n'est pas son meilleur livre, c'est en tout cas celui qui parlera le plus à ceux qui travaillent (ou essayent de) dans le milieu de l'écriture.

par Mrs.Krobb

La fille du directeur de cirque de Jostein Gaarder
Littérature norvégienne (traduction par Céline Romand-Monnier)
Points, octobre 2005
6,70 euros

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