samedi 15 février 2014

"Quatre garçons dans la nuit" - Val McDermid

Nous sommes en Ecosse, en décembre 1978, et l'hiver est assez rude, surtout pour Alex, Ziggy, Weird et Mondo. Au sens propre comme au sens figuré, puisque c'est pendant une nuit, au retour d'une fête étudiante, qu'un de ces quatre garçons trébuche dans l'épaisse couche de neige et se retrouve allongé à côté du corps - à deux doigts de la mort - d'une fille qu'ils connaissent tous les quatre : Rosie Duff, la charmante serveuse du bar du coin. Seulement voilà, au moment de prévenir la police, ils se rendent compte qu'ils passent très rapidement du statut de témoin à celui, très dur à porter, de suspect. Car quoi de moins étonnant, dans la tête d'un policier, que la propabilité pour que ces zigues, déjà souvent remarqués dans leur passé à cause de petits délits, se trouvent être responsables de la mort de cette jeune fille ?

C'est ainsi que, moyennant de fâcheuses coïncidences et faute de preuves, ils se retrouvent libres, mais sans cesse pointés du doigts, menacé, voire presque battus à mort. L'enquête n'avance pas, et il faudra du temps pour les garçons afin de trouver un semblant de paix, loin de leur vie d'adolescent, que ce soit géographiquement ou dans leur comportement (encore que).

Ce n'est qu'en 2003 que les choses connaissent un avancement : en effet, les technologies ne sont plus les mêmes, et certaines enquêtes non résolues sont rouvertes pour des analyses plus poussées. Mais là, pouf ! On s'aperçoit que toutes les preuves de cette affaire ont disparu, toutes sauf une, jugée sans importance.

Voilà ce dont traite ce roman qui n'est pas tant un roman policier puisqu'on y voit plus de côté humain, psychologique, que de termes techniques et de vrais codes de flics - à me demander même à un moment si l'enquête n'était pas finalement un prétexte, puisqu'on en voit très peu l'avancée, ou le point de vue de ceux qui s'en occupent officiellement. Parce qu'au final, ce seront à eux de tout mettre en place pour ne pas finir par mourir de cette erreur de jugement. C'est un véritable plaidoyer pour la justice qu'on se fait à soi-même.

Dans un climat de peur, de méfiance, de colère et de suspicion, d'adolescence perdue à jamais, Val McDermid écrit sans jamais céder la place à l'ennui ou au sur-place, car si l'enquête n'avance pas, la vie continue, et on passe son temps à chercher dans chacun des personnages le criminel qu'il est peut-être, en titillant chaque défaut, chaque mauvaise action. Elle décrit les personnages et leur entourage de manière très intime, difficile de ne pas s'attacher et de ne pas y croire. Son écriture, sans être transcendante, tient en haleine ce qu'il faut sans pour autant devoir instaurer un énorme suspense à chaque chapitre, même si le livre connait de très nombreux rebondissements. Aucun des personnages n'abandonnera jamais, même vingt-cinq années plus tard, et quitte à y laisser sa peau, que ce soit par vengeance ou désir de rétablir la vérité. Et je dois vous avouer que la conclusion de tout ça... laisse vraiment sur le cul.

par Mrs.Krobb

Quatre garçons dans la nuit de Val McDermid
Littérature écossaise (traduction de Philippe Bonnet et Arthur Greenspan)
J'ai lu, février 2014
7,60 euros

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