mardi 8 septembre 2015

"Stoner" - John Williams

William Stoner, garçon de ferme, sans grande ambition, quitte sa famille pour aller suivre des cours d'agriculture à l'université, ainsi que s'ouvrir aux plaisirs de la littérature. Très vite, ce qui le rattachait à la terre s'évanouit pour laisser place à un émerveillement pour la langue. Les relations avec les autres humains l'intriguent, il ne comprend pas très bien comment ça marche, mais finit par se marier avec une fille de bonne famille. Comme il en arrive assez souvent à l'époque, c'est un mariage platonique, ennuyeux, où aucune des deux parties ne trouve de passion commune. L'arrivée de leur fille ne sera qu'une occasion de plus pour laisser s'installer les tentatives de manipulation, l'hystérie, le silence forcé. Et la guerre fait rage dans les quatre coins du monde, emportant sur son passage bon nombre de bons citoyens.

Une histoire somme toute assez commune, sans grand rebondissement ni grand étonnement, qui porte son gros baluchon de misère. On pourrait comparer les malheurs et l'acharnement de William Stoner avec l'histoire de Job, tirée de la Bible - deux hommes justes et droits, dont la foi, le courage et la résolution sont soumises à dure épreuve, mais qui ne manquent jamais de croire en leur maître, leur guide, qu'il soit spirituel ou intellectuel. Peu importe les tempêtes essuyées, pourvu qu'il y ait la passion, l'envie de s'en sortir, de créer quelque chose, de donner envie à son prochain de devenir plus fort, intelligent, aimant. On sent véritablement l'engouement pour la culture, pour l'objectif qu'elle apporte à des vies sans but, sans espoir, sans intérêt, mais on sent également le désespoir face à la misère humaine, face à la violence, à la jalousie, au mépris, au combat entre classes sociales.

Y a-t-il une part d'autobiographie dans ce livre, sachant que l'auteur lui-même (dont le nom ressemble à celui de son héros) a été professeur de littérature et a connu - et servi pour - la guerre ? En tout cas, l'engouement pour la poésie, celle écrite, et celle qui se vit, est bien présent, malgré le fatalisme certain.

par Mrs.Krobb

Stoner de John Williams
Littérature américaine (traduction par Anna Gavalda)
J'ai lu, janvier 2013
7,60 euros

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