lundi 22 février 2016

"Les chaînes de l'avenir" - Philip K. Dick

Le Relativisme est le maître-mot de cette société future : accepter de bonne grâce les idéologies et décisions de chacun sans les remettre en cause avec ses propres pensées, le contraire étant passible d'exil dans un camp de travail forcé. On part donc sur une bonne intention, assaisonnée à la sauce Staline. Mais quelque chose vient vite perturber l'atmosphère et c'est peu dire, puisque des organismes vivants non identifiés, les dériveurs, viennent s'échouer paisiblement sur la Terre. Pacifiques, mais néanmoins incommodants, car non adaptés à cet environnement, ils se mettent rapidement à pourrir. Pendant ce temps, on crée une race mutante capable de survivre sur Vénus. Un homme étrange, mal luné, qui peut prévenir l'avenir un an à l'avance, avait prévenu les autorités du dangers que ces choses représentent. Un nouveau mouvement voit le jour, plus christique mais tout aussi radical, et les évènements se déchaînent. L'ordre est renversé.

C'est le deuxième roman de Philip K. Dick et il comporte certes quelques maladresses, mais on peut dire qu'il expose déjà au grand jour ce que seront ses thèmes de prédilection à venir : le futur, les organisations gouvernementales biaisées et radicales, la surveillance, la conquête spatiale, les êtres mutants, le dérèglement du temps, les drogues, la fatalité, la religion, les "freaks"...

Sans faire un long exposé du décor qu'il déroule sous nos yeux, il l'intègre petit à petit, sans accrocs et sans que cela paraisse compliqué ou incompréhensible. Ses personnages sont simples, et l'histoire ne se base pas tellement sur leurs personnalités mais sur leur rapport au monde qui les entoure, sur leur façon de réagir à la catastrophe. La traitrise est le phare de la civilisation, de même que de suivre bêtement un mouvement sans se poser de question, qu'il s'agisse de dogme ou de révolution.

L'ambiance est plutôt glauque, presque cauchemardesque, et ne donne aucune issue, si ce n'est celle de plier bagage et d'aller voir ailleurs si l'herbe y est plus verte - quitte à devoir sortir du système solaire. Car se battre contre un ennemi qui connaît déjà tous vos faits et gestes, et être en même temps la cible d'une race extraterrestre envahissante et risquer une guerre interplanétaire, tout en essayant de conserver son boulot, sa femme et son gosse, c'est un pari risqué et plutôt voué à l'échec.

Mais allez, je vous le dis, il y a quand même un happy ending. En quelque sorte.

par Mrs.Krobb

Les chaînes de l'avenir de Philip K. Dick
Littérature américaine (traduction par Jacqueline Huet)
J'ai lu, mai 2014 (original : 1956)
6 euros

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