L'histoire parfaite qui ne doit pas s'arrêter, sinon on devient colère, rouge, l'impression de perdre un copain, et de ne rien pouvoir faire pour lui. Juste dire bin voilà mon vieux, c'est la fin.
L'enfant bleu est un roman, joli (très même), que l'on lit à travers la tête de Madame, la psychologue copine d'Orion. Elle raconte ses difficultés, ses joies, ses peines et ses envies, son désir d'aider Orion à travers l'art.
L'art qui lui permet de s'exprimer, d'abord en dessins, puis en sculptures. De passer d'un état cloîtré à celui d'avoir des amis. De comprendre le mot amour qui est un concept pour les autres, mais dont Orion sera toujours exclu, conscient de son handicap.
C'était tellement dur et intense à lire et à vivre que c'était pas possible de ne pas s'identifier. Même si.
On semble comprendre ce que ressent Orion et Madame, alors qu'on ne pourra jamais être à leur place. C'est doucement poétique, ravageur, destructeur, chaotique. D'où les larmes sèches. Le hoquet qui ne sort pas, celui qui rend triste jusqu'à ce qu'on lise une autre belle histoire.
Orion aurait pu être le copain de Gil, le petit garçon au ciré jaune qui attend Jessica sous sa fenêtre dans Quand j'avais cinq ans je m'ai tué. Bauchau arrive à faire parler Orion et nous transporte à ses côtés. L'envie de lui prendre la main, de dire à quel point ses dessins sont beaux et de croire en lui.
Parce que c'est ça le plus important, croire aux histoires même si personne comprend.
En territoire déjà conquis L'enfant bleu remporte malgré tout haut la main. Le plus beau cadeau qu'on puisse me faire. J'en suis tout chambouleversé. A lire dans son lit, pour se protéger des rayons du démon. Comprend qui veut.
T'inquiètes Orion, on va y arriver.
par Loubard
L'enfant bleu, d'Henry Bauchau
Littérature française
Actes Sud, février 2006
9.70 euros
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