Judas est (plus ou moins) un écureuil, à l'air plutôt mort que vif mais vraiment très gentil, et qui est complètement solitaire, dépressif et passionné de dessin. Dans la forêt où il vit, souvent les animaux sont soit méchants avec lui, soit le prennent en pitié. Et quand il tue des poissons pour les manger, il leur fabrique un petit cimetière, parce que quand même, Judas est plein de culpabilité. Là où on s'éloigne un peu des animaux du Bois de Quat'Sous, c'est qu'il est quand même plus souvent question de drogues, de bande-dessinée foireuse, de religion et de méchanceté gratuite. Baudelaire n'a qu'à aller se rhabiller, Judas réinvente le spleen à la sauce champêtre. De toute sa vie, il n'a connu que la solitude forcée, les moqueries, la difficulté de faire valoir son talent, alors forcément à la fin, il a presque un peu envie de mourir.
On a envie d'en voir plus, de suivre encore plus loin tous ces personnages à la personnalité très humaine, surtout ceux qu'il croise dans le labyrinthe du faux-bonheur en allant rendre visite à l'éditeur de bande-dessinée très prisé... Jésus Christ. Qui est d'ailleurs un éditeur assez caricatural mais authentique : après lui avoir fait miroiter un avenir radieux, il l'écrabouille au profit d'un autre auteur plus bankable, qui raconte des histoires de juifs junkies au temps de la Seconde Guerre Mondiale.
C'est aussi drôle que c'est triste à crever, et c'est surtout très beau. On a l'impression de tenir la Bible du Dimanche dans ses mains, et ça se lit avec du thé bien noir un jour de pluie bien dégueulasse. En plus après, ça fait bien dans le salon, avec toutes ces dorures.
par Mrs.Krobb
L'Evangile selon Judas de Alberto Vasquez
Bande-dessinée espagnole
Rackham, avril 2010
20,30 euros
hell yeah :D dino :)
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