Son écriture, sa Violencelliste, est dirigée par un Rythme violent, viscéral, charnel, un cheval fou qui s'emmêle les pattes dans des désirs trop puissants. Son combat, c'est de sauver les mots d'une mort imminente, de leur restituer leur sens exact, de redonner à la définition une vie. Chacune de ces notes qu'il pose sur le papier est minutieusement choisie, tournée, il les aime comme un parent passionné, un amant fou. Il aime le verbe comme il aime une femme. Il arrive à rendre érotique et orgasmique la littérature comme peu savent le faire. Sa vie est définie comme un brouillon de livre qu'il ne pourrait écrire sans entrailles, sans revenir dans le ventre de la mère, de la femme, sans l'écrire avec elles, avec leurs corps plein de formes. Et cette vie commence aussi par son enfance, pleine de tourments littéraires et sensuels, dont la pire injustice a sans doute été de naître dans un endroit qu'il définit comme un "pur vide culturel".
La Violencelliste n'est pas à la portée de tous, il faut être très sensible à la beauté de la littérature, il faut s'intéresser au style, à la danse du mot, et ne pas avoir peur de se perdre dans une phrase qui n'en finit pas d'être enragée dans la cadence, alors même que le livre fait preuve d'une tranquillité que seuls les écrivains accomplis savent faire transparaître. L'avertissement est clair, sur le petit bandeau qui orne le livre : "Lettre à un jeune corps n'aimant pas lire et en grand danger de mort dans l'âme".
A tous ceux qui aimeraient se lancer dans l'écriture, je ne pourrais que trop conseiller de se plonger dans celle de Marcel Moreau, afin de s'enrichir et de se dépasser toujours plus pour atteindre le paroxysme du sens et de la tournure, du style, de l'acharnement.
C'est ce que semble vouloir me dire l'écriture, lorsqu'elle joue de la violence de la musique des mots pour me rappeler que sans elle j'en serais encore à me demander ce qui m'a pris d'aimer la vie comme je l'ai aimée et d'essayer de la faire aimer pareillement par ceux et celles qui me lisaient et ne vivaient de la leur que ce qui convient à la Raison ou à la Société.
DONC, mon corps en fin de trépidation aura au moins, si j'en crois l'actualité de mes pulsions, le bon goût de profiter de ses ralentissements pour s'attarder sur quelques mots esseulés, comme abandonnés, près desquels il sera passé sans vraiment les voir, ou si peu, alors qu'ils avaient tout pour développer en lui une conception de l'écriture à même de mettre à feu et à danse le sens de la vie, serait-il trouvable.
Pour aller plus loin : une interview de Marcel Moreau et le film DONC! de Virgile Loyer.
par Mrs.Krobb
"La Violencelliste (suivie de DONC!)" de Marcel Moreau
Littérature française
Denoël, avril 2011
16 euros
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