"L'éternel Adam" - Jules Verne

Aaah, Jules Verne. Que n'aura-t-il pas déployé les ailes de bon nombre d'univers imaginaires, que n'aura-t-il pas inspiré des rêves de grandeur et d'évasion, avec ses récits d'aventure incroyables qui auront utilisé tout l'espace communément admis sur terre, sous terre, et même hors circuit ? Mais ici, monsieur est radical. Il redéfinit l'espace de la Terre, et le simplifie grandement : un seul continent, qui contient son lot de différences internes malgré tout, et quatre mers, mais qui ne forme au final qu'une seule et unique grande étendue d'eau, qu'on différenciera par les points cardinaux. Tout ce tintouin sur la Lune et sous les mers pourquoi alors ? Eh bien, justement.

Nous assistons ici à une nouvelle génération planétaire - nouveaux espaces, nouvelle civilisation. A priori, ils ne sont point plus avancés que la civilisation telle qu'on l'a connue, soit par nous-même, soit dans les livres d'Histoire. Peut-être sont-ils plus critiques, plus réfléchis, ou plus barbares, plus radicaux ? En tout cas, peu subsiste du Passé. Comment savoir d'où nous venons, de qui nous venons, et où nous allons, si nous n'avons aucune trace concrète ? C'est alors qu'entre en jeu un curieux rouleau, rédigé dans une langue inconnue, et qui semble dater des tous débuts de cette nouvelle civilisation.

La réflexion que soulève ce court texte est la suivante : sommes-nous bien certains, du haut de nos grands esprits, de nos grandes découvertes, inventions, théories, d'être les premiers à être arrivés si loin ? Sommes-nous réellement sûrs que nos ancêtres n'ont pas, à un moment donné, été beaucoup plus loin que nous ? Il suffirait d'une pichenette de l'Univers, d'une grande catastrophe naturelle - ou humaine, pour que la somme de toute connaissance, construction, société, érudition, se voie engloutir par le néant. Le peu de traces qui nous parvienne et que nous tentons d'analyser, est-ce vraiment ce qui a le plus marqué les Temps Anciens, ou est-ce seulement ce qui a pu résister, justement, au Temps ? Bref, voici de quoi, encore aujourd'hui, dégonfler un peu l'Ego et se remettre dans le contexte. Nous pensons tout savoir mais nous ne sommes Rien, nous pensons dominer le Monde, mais il sera le premier à nous rappeler à l'ordre. Un très beau texte intemporel, qui tape juste et va directement à l'essentiel, dans une jolie mise en abyme. Rappelez-vous, tout n'est qu'un éternel recommencement.

Et puisqu'il est épuisé, je vous laisse avec grand plaisir le découvrir en ligne ici.

par Mrs.Krobb

L'éternel Adam de Jules Verne
Littérature française
Mille et une nuits, mars 2001
(épuisé)