Ce qui relie tous les personnages du livre, outre - pour la plupart - le goût de l'aventure, de la fête, du sexe, de l'art, de l'anti-conformisme, de la décadence, c'est ce tableau d'icône volé qu'un gang de malfrats tchèques confie à l'un deux, peintre brillant, pour en faire une copie. Mais ce n'est pas un tableau religieux ordinaire : on y retrouve certains codes basiques et une mise en scène très claire d'ascension (qui rappellera évidemment au lecteur ce cosmonaute démuni), mais le reste est très confus, et presque déformé. D'où vient-elle, pourquoi est-elle si recherchée, de quelle culture fait-elle partie, que représente-t-elle ? Le mystère demeure jusqu'au bout, mais on en suivra avec délectation chaque détail, chaque reconstitution, dans un carnaval de textures, d'ingrédients, de couleurs, de significations, de structures...
C'est un texte fort descriptif, presque mélancolique, qui nous insère tout à fait dans le décor afin que nous puissions visiter la ville, découvrir l'art contemporain, s'intégrer timidement parmi tous ces jeunes et vieux fous, perdus, illuminés, désillusionnés. On entre dans les esprits, on fait des rêves étranges, on fait des associations d'idées, on réutilise des oeuvres d'art à l'infini jusqu'à en user le contexte. Ca tire d'abord un peu en longueur et puis tout va très vite, jusqu'au point où on arrive à la fin de ce roman intense et qu'on se demande où est passée la suite, pourquoi les choses se sont-elles passées de la sorte ? Peut-être à relire une deuxième fois, pour en découvrir la clé cachée, la solution de l'énigme, pour sauver enfin ce cosmonaute que tout le monde a oublié mais à qui tout le monde finit par ressembler. En orbite totale dans un monde qui n'a pas de sens, où chacun doit se battre pour survivre, péniblement. Alors on profite, de chaque détail. Et bien sûr, difficile de ne pas penser tout de suite à David Bowie, son parcours, son univers.
par Mrs.Krobb
Les cosmonautes au paradis de Tom McCarthy
Littérature anglaise (traduction par Thierry Decottignies)
J'ai lu, juillet 2012
7,60 euros
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire