Vous faites face ici à deux sources de danger potentielles : la Méduse, inspirée de ce personnage mythique, femme terrifiante à la tête recouverte de serpents, capable de vous pétrifier d'un regard - littéralement. Et il y a aussi le Ghost-Sniper, celui qui en avait eu marre de la vie et qui décida de plutôt aller l'ôter. Ils ne se connaissent pas, mais ont en commun leur franche radicalité.
A défaut d'un nom, et puisqu'un nom l'aurait pris à défaut, donc à revers, dans le dos, ou mieux, en pleine nuque - centre de toutes ses haines et aspirations compactées -, il laissa sa personne se condenser en une appellation à la fois étanche & ridicule (...) [qui] avait l'avantage de se replier sur [elle]-même comme un test de Rorschach entre des mains aveugles.Chassé-croisé désabusé déshabillé, piquant et cru comme un poisson japonais mortel, récit d'une fuite de la vie dont on ne tire plus rien qu'un passable ennui à vous faire gicler la cervelle. Fulgurant. Cash. Un genre de Tueurs Nés qui n'auraient jamais du naître, jamais du n'être que le dégoût de la société condensé en deux êtres vaguement humains, entre fantôme et serpent. Que cherche-t-on, après tout : un but, une histoire, une intrigue, une fin propre et nette ?
Comprenant qu'il s'agissait d'une manifestation de l'Infini (cette saleté puante), il remonta sa sonde de fortune, alla chercher son Mauser et tira à trois reprises dans le Trou, en visant très précisément le centre grâce à l’œilleton millimétré du viseur. Puis il se recoucha et dormit d'un sommeil bleu. Le bruit ne se reproduit plus jamais. L'Infini a ses limites.Et une fois que l'on se trouve en ligne de mire, voilà ce qui arrive : cette explosion de néant, de l'infinie comédie/tragédie de la vie, un gros tas de pixels morts ou de mots ficelles, qui se tissent avec toujours ces mains aveugles. L'oeil du cyclone du déversement littéraire et anti-cosmique, dans lequel vous retrouverez tout de même quelques perles, pour vous faire un collier ou glisser dessus. Dont acte.
Il ne repousse pas, ce genou écorché sur le gravier, que recouvre aujourd'hui le tweed plissé. A l'étage supérieur, le Magicien d'Oz n'en finit pas d'éplucher les comptes de la MGM pendant que Dorothy se shoote au phénobarbital. Actif, passif, agressif. If ! C'est comme ça, plus personne n'y croit. Allume tes bougies. Souffle-les. Ce ne sont pas des bougies, ce sont des prothèses, de toutes petites allumettes enfoncées dans la pâte à modeler et à nier, des tentatives pour articuler la gélatine de ta complaisance : qui les frottes s'embrase.Au bout d'un moment, vous oublierez ce que vous étiez en train de faire, de lire, de penser, de croire. Vous oubliez qui vous êtes et pourquoi. Jusqu'à ce qu'on se retrouve une dernière fois sur la route. Pour le meilleur, pour le pire, à la tienne.
(...) dissoudre le rien, le replier sur lui-même, sur rien même, deux fois, trois fois, soixante et onze fois s'il le faut, c'est là un exercice qui t'épuise et qui installe l'épuisement dans la cuve du rien, où de nouveau il croît, il pullule, essaime, car le rien croît, comme le désert (...)
par Mrs.Krobb
Bunker anatomie de Claro
Littérature française
Verticales, octobre 2004
8,50 euros
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