Vous le voyez, le Moi est toujours en train de se construire. Ce n'est pas un produit fini, il s'élabore. Pas une année ne passe que vous ne puissiez découvrir un nouveau petit aspect par lequel vous êtes plus vous-même que vous ne l'aviez pensé.C. G. Jung, peut-être plus que S. Freud, a tenté de percer les mystères de la psyché humaine en prenant en compte chacune de ses complexités tout en restant dans la simplicité. Il a par exemple instauré les types psychologiques qu'on retrouve maintenant dans les tests de personnalités MBTI en découpant les traits de caractère en quelques catégories antagonistes : introversion / extraversion, sensation / intuition, pensé / sentiment. Il a aussi établi la « persona », l'anima et l'animus qui sont des archétypes féminin et masculin qui se retrouvent dans le sexe opposé.
Ainsi, la « persona » est un système complexe de comportement qui est en partie dicté par la société et en partie dicté par les désirs ou les attentes de l'individu vis-à-vis de lui-même. Mais cela n'est pas la personnalité réelle. Bien des gens vous disent que c'est tout à fait réel et vrai, mais ça ne l'est pas. L'utilisation de la « persona » se fait sans inconvénient tant que vous ne vous êtes pas identifié à la manière dont vous apparaissez. Mais si vous n'êtes pas conscient de cela, vous risquez des conflits assez désagréables.Comme Freud, il a beaucoup étudié l'inconscient, tout en restant honnête et en établissant le fait qu'on ne peut pas accéder ni comprendre tout à fait ce qui est inconscient. De même qu'il réfute l'idée de traumatisme lié intrinsèquement à la naissance puisque chaque homme étant forcément né, chacun a vécu une sorte de traumatisme qui serait de fait la condition même de la naissance. Contrairement à Freud, en revanche, il fait la distinction entre l'inconscient individuel et l'autre collectif, d'où découlent les archétypes (comme celui d'Oedipe, par exemple).
Ces contenus qui sont devenus inconscients, se sont retirés d'eux-mêmes et non parce qu'ils ont été refoulés. Au contraire, ils ont une certaine autonomie. L'idée d'autonomie apparaît en ce que ces contenus qui ont disparu, ont la possibilité de se mouvoir indépendamment de ma volonté. Ou bien il apparaissent quand je veux dire une chose précise. Ils interfèrent et parlent eux-mêmes au lieu de me permettre de dire ce que je veux dire. Ils me font faire quelque chose que je n'ai pas du tout l'intention de faire. Ou bien ils disparaissent quand je voudrais les utiliser.Enfin, là où Freud pose le fait que c'est la libido qui domine l'humain et qui l'anime, Jung propose qu'il s'agit plutôt d'instincts, d'impulsions énergiques, qui englobe autant la sexualité que la protection que le besoin de puissance.
Ou bien vous faites de la réalité un objet de plaisir si vous êtes assez puissant pour le faire. Ou bien vous en faites l'objet de votre désir d'accaparement ou de possession.Voici en résumé ce qui compose ce résumé - un petit condensé en questions réponses animé par Richard Evans et qui confronte Carl Gustav Jung ainsi qu'Ernest Jones en fin du livre (un spécialiste biographe de Freud). J'ai trouvé ça plutôt instructif, même si forcément succin, et cela donne vraiment envie d'en savoir plus - d'autant plus que Jung semble faire preuve d'humilité, d'humour et de réelle ouverture. Et même si je comprend le parallèle qui est toujours fait avec Freud quand cela concerne les travaux de Jung, je trouve ça un peu souvent redondant et réducteur dans le sens où leurs travaux ont pris des chemins différents. Mais ah - je ne fais que découvrir !
par Mrs.Krobb
Entretiens avec Carl Gustav Jung compilés par Richard Evans avec la participation de Carl Gustav Jung et Ernest Jones
Essai anglais
(traduction par Philippe Choussy)
Payot, décembre 2004
7,95 euros
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