Qui vit en vous ? Comprendre que quelqu'un vit en nous est passablement horrible. Vous vous croyez libre, mais il n'y a pas un geste, pas une pensée, pas une émotion, pas une attitude, pas une croyance qui ne vous viennent de quelqu'un d'autre. N'est-ce pas horrible ? Et vous ne le savez même pas. Une vie machinale vous a été imposée. Vous avez de solides convictions et vous pensez que ces convictions vous appartiennent en propre, mais est-ce bien vrai ? Vous allez avoir besoin d'un surcroît important de conscience pour comprendre que cette chose que vous appelez « Je » n'est peut-être qu'un conglomérat de vos expériences passées, de votre conditionnement et de votre programmation.Le livre est découpé en beaucoup de petites parties sur des thèmes particuliers, dont certains se répètent parfois, pour moi appuyer sur un point précis, pour enfoncer les portes résolument fermées et marteler comme un mantra une bonne fois pour toutes. Il est certain que l'auteur a roulé sa bosse et qu'il peut faire office d'autorité spirituelle et psychologique, ses enseignements sont simples, efficaces, uniquement fondés sur le bon sens et voués à stopper l'auto-apitoiement général, tout en donnant les clés de solutions pratiques - simples d'apparence, mais encore une fois pas toujours facile à appliquer tant qu'on se repose sur des excuses et des conditionnements.
Parlons par exemple de l'illusion, de l'erreur de jugement qui consiste à croire qu'en changeant le monde extérieur vous changerez. Vous ne changerez pas si vous vous contentez de changer votre monde extérieur ; vous ne changerez pas en changeant de métier, de conjoint, de maison, de gourou ou de religion. Croire cela équivaut à croire que l'on change d'écriture en changeant de crayon. Ou que l'on modifie sa capacité de réfléchir en changeant de chapeau. Ces choses-là ne changent rien à ce que vous êtes.Bien que fondé sur la psychologie humaine de base, le livre est moins un manuel de développement personnel qu'un recueil de paroles spirituelles, basées principalement sur la religion chrétienne ou bouddhique, mais aussi sur les principes zen japonais, entre autres. Anthony de Mello n'est pas tendre, mais c'est pour mieux réveiller l'amour inconditionnel. Il n'est pas un chantre de la pensée positive, mais il démontre point par point que ce sont plus nos pensées qui conditionnent notre monde intérieur et extérieur que l'inverse. Il invite à se recentrer sur soi, à faire le point, à se comprendre, à se défaire, défragmenter, reconstruire, réapprendre, il invite à se défaire de toute opinion pour enfin atteindre la vérité.
N'écoutez jamais les gens qui vous disent : « Oubliez-vous ! Aimez les autres. » Ne les écoutez pas. Ils ont tort. La pire des choses est de s'oublier soi-même lorsque l'on va vers les autres pour les aider.Ponctué de petites fables à morale pour illustrer les propos - petites histoires qui fonctionnent très bien d'ailleurs, avec beaucoup d'humour - le livre se lit d'une traite, ou en choisissant le sujet qui intéresse le plus. Je dirai même qu'il se relit, qu'il s'assimile. Et s'il est compréhensible à la fois pour les plus jeunes et pour les plus vieux, il semblerait qu'il soit donc non seulement efficace mais profondément vrai.
Bonus : extraits 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10
par Mrs.Krobb
Quand la conscience s'éveille de Anthony de Mello
Essai américain (traduit par Paule Pierre)
Espaces libres (Albin Michel), novembre 2002
7,80 euros
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