Certains évoquent la moindre reproduction des personnes intelligentes
ou plus exactement, la facilité plus grande pour les moins douées,
grâce à notre système de solidarité, à se reproduire. La civilisation
est dans son principe un mécanisme profondément anti-darwinien : elle
substitue à l'impitoyable sélection des plus aptes un système d'entraide
où les plus faibles peuvent espérer survivre et prospérer. (...) Elon
Musk est d'autant plus inquiet de la future puissance de l'IA qu'il est
persuadé que notre patrimoine génétique se dégrade. Il confesse : « Je
ne dis pas que seuls les gens intelligents devraient faire des enfants.
Je dis juste qu'ils devraient en avoir aussi. Et en fait je constate que
beaucoup de femmes vraiment intelligentes ont un seul enfant ou aucun. »
Le reproche le plus courant fait au QI repose sur le
fait qu'il néglige d'autres formes d'intelligence. On verra plus loin
combien c'est exact et combien l'existence de cette multiplicité des
intelligences est importante face à l'IA. Mais il faut insister sur le
fait que, sauf exception pathologique comme le syndrome d'Asperger, le
QI est bien corrélé aux autres formes d'intelligence et constitue une
bonne mesure - les scientifiques parlent de proxy - des capacités
intellectuelles générales.
Le RU serait une façon
commode de confiner ladite masse dans le calme et l'apathie, laissant
les meneurs du monde dans la quiétude douillette de leur entre-soi.
(...) En revanche, le revenu universel permanent qui conduirait en
quelques siècles les hommes à devenir des larves nourries par l'IA,
créant ainsi la servitude volontaire qu'Étienne de la Boétie avait
théorisée à seize ans, devrait être interdite à l'échelle mondiale. Ce
devrait être une loi fondamentale de l'humanité, un interdit fondateur
moderne aussi fort que l'inceste.
En France, on continue de produire des générations entières d'handicapés des langues.
Le
professeur doit apprendre aux enfants à prendre soin de leurs cerveaux.
Convaincre les enfants de manger moins gras, de rester minces, de faire
du sport, de suivre les médias dans plusieurs langues, de ne pas fumer
de haschisch fait partie des tâches essentielles de l'enseignant
moderne. Tout cela augmente le QI.
Pour rester dans la
course, l'être humain aura deux choix, d'ailleurs pas exclusifs l'un de
l'autre : l'eugénisme biologique et la neuroaugmentation électronique.
L'eugénisme
nous révolte s'il s'agit d'éliminer a priori les filles par exemple.
Mais il faut reconnaître qu'il est déjà une réalité parfaitement
acceptée chez nous : grâce aux diagnostics précoces encouragés et pris
en charge par la Sécurité sociale, 96% des enfants trisomiques dépistés
sont éliminés. (...) On pourra bientôt intervenir sur le génome de
l'embryon pour "réparer" certains problèmes génétiques.
Il
sera en 2100 jugé aussi étrange de laisser de petits enfants naître
avec un QI inférieur à 160 qu'aujourd'hui de mettre sciemment au monde
un bébé porteur de trisomie ou gravement déficient mental. Une
stigmatisation sociale s'attachera aux enfants nés "naturellement", par
le jeu du hasard de la cuisine génétique. (...) On peut même penser
qu'au nom de la protection de l'enfant, des lois viennent dans le futur
décourager voire interdire de telles pratiques primitives qui créeraient
de fait des parias incapables de s'intégrer économiquement et
socialement.
Or les moyens financiers sont toujours le
résultat, à un moment donné, d'une utilité sociale jugée supérieure
apportée par les individus, laquelle est in fine, et indépendamment de
tout jugement moral, l'expression d'une forme d'intelligence. Pour le
dire de façon abrupte, la solidarité, au fond, n'est rien d'autre qu'un
mécanisme d'atténuation des conséquences de la différence de performance
neuronale.
Et même si le ciel est immense, nous ne
pouvons pas exclure d'être la seule civilisation intelligente. Cela nous
donne une responsabilité particulière : nous sommes peut-être les seuls
capables d'empêcher la mort de l'univers.
Car demain,
nous serons en position divine autrement dit dans celle de faire presque
tous les choix que les religions traditionnelles délèguent à leur Dieu
ou à leur Église. Nous n'avons plus rien à espérer car nous devons tout
attendre de nous-mêmes. Le salut comme la damnation.
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