(1)
NOUS, FEMMES DU MOUVEMENT ÉCOLOGIE- FÉMINISME RÉVOLUTIONNAIRE, nous déclarons :
a) Notre résolution de prendre en main, avec le contrôle de
notre destin, celui de la démographie, en solidarité avec nos sœurs du
Tiers-Monde, et notre volonté de traquer et combattre à tous les
niveaux le système patriarcal universel qui cimente par notre
oppression TOUTES LES AUTRES ;
b) Notre résolution particulière de combattre par tous les
moyens l’instauration insensée de l’industrie nucléaire de fission
destinée non à remplacer certaines sources d’énergie mais à
alimenter la guerre et le profit et exigeant une société policière ;
c) Notre DÉCISION (à titre de premier avertisse ment) de
proclamer et organiser une grève de la maternité d’UN AN MINIMUM dans
les pays d’économie développée, pour la grande majorité de nos
signataires qui sont en capacité de procréer, et d’encourager les
femmes des autres pays à nous imiter afin de manifester leur pouvoir,
indispensable pour la continuation de l’espèce et de l’Histoire,
qu’aucune loi ne peut leur retirer.
NOUS EXIGEONS : L’arrêt du pillage des biens de la VIE dont nous
sommes les détentrices ; le stoppage de l’inflation démographique qui
recoupe si bien le mépris de notre condition, de notre volonté, de
notre dignité ; la limitation du « travail » producteur d’inutilités
et de
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pollution; le reboisement maximal effectué grâce aux masses de travail
ainsi dégagées ; la destruction ou l’arrêt des criminelles Centrales
Nucléaires remplacées par les «énergies douces» qui
décentraliseront les sources de production et donc le Pouvoir ; la fin
définitive de toute industrie de guerre, et surtout
L’ABOLITION TOTALE ET IRRÉVERSIBLE DU SEXISME ET DU PATRIARCAT
Appel des femmes à la grève de la procréation, Mouvement Écologie-féminisme, 1974
(2)
Point n’est besoin d’appartenir au professorat
américain comme les deux novateurs cités par L’anti-économique pour
pouvoir déjà désigner les secteurs d’activité qui semblent
indispensables par la force de l’habitude et qui pourraient facilement
disparaître sans retour, premier lest à jeter avant le naufrage.
Nommons-les :
— les secteurs administratifs, fiscalité,
banque, législation du travail n’auraient aucune raison d’être dans ce
que le groupe d’études «Diogène» définit comme «une société non
technicienne basée sur des unités de petite dimension refusant la
centralisation», un peu à l’instar des anciens soviets et des
premières communes après la révolution maoïste (organismes
évidemment voués à disparaître dans ces deux systèmes de
concentration bureaucratique).
— les moyens de transport rapides
et fortement polluants (kérosène des avions, nuisances sonores)
pourront à leur tour être réduits à l’extrême minimum, lorsque les
raisons de les utiliser réapparaîtront pour ce qu’elles devraient
être : très rares. Nous avons cité ailleurs à ce sujet (Le
féminisme ou la mort) l’intéressante contribution de Marion Zimmer,
seule femme parmi les auteurs d’un recueil de SF sur le thème
«Société de demain», qui formula cette proposition « utopique » : les
moyens de communication ultrarapides ne seraient plus utilisés qu’en
cas d’urgence comme : soins à donner à un accidenté, lutte contre un
fléau. Le reste du temps, son monde «d’utopie» avait trouvé le temps
de vivre et circule à cheval ou à bicyclette, grade au ralentissement
maximal d’une productivité débarrassée de l’inutile.
– les
zones de production non indispensables (voire franchement superflues ou
pernicieuses), précisément, peuvent également être abolies. Il ne
s’agit pas d’austérité, mais de disparition d’un faux luxe : objets
inutiles, gadgets sans autre but que de produire pour produire,
«ramasse-miettes électrique» ou «biniou électronique» ou «télévision
du rôti pour ne pas avoir à ouvrir le four », etc. Ce genre de
mystification mercantile ne peut pas être désiré et ne comble aucune
attente : il se multiplie pourtant comme une obsession évolutive
envahit l’intoxiqué; cet intoxiqué, c’est le système marchand
contemporain.
L’élévation de la qualité du quotidien se ferait dans
plusieurs directions possibles :
a) diminution du temps de travail consacré à fabriquer et distribuer
(fausse productivité) et vanter (publicité) ces ignominies ;
b) disparition de la crétinisation publique qui en résulte ;
c) réduction notable de la pollution, particulièrement des déchets
inrecyclables de matériaux comme le plastique ;
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d) suppression du facteur d’obsolescence, ce qui s’étendra à
l’exigence de la qualité et de la solidité des produits courants,
très facilement obtenues par le véritable rendement technologique,
impossible en système de profit.
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