mardi 3 mai 2016

"Au bout du labyrinthe" - Philip K. Dick

Nous sommes dans le futur, la Terre n'est plus qu'une planète-poubelle, désertée et immonde, tandis que tous les autres systèmes ont été colonisés. Douze personnes, n'ayant aucun lien entre elles, habitant chacune à des années lumières les unes des autres, sont transférées sur une une petite planète ressemblant plus ou moins à ce qu'a pu être la Terre au début de la civilisation. Aucune indication ne leur a été donnée, aucune mission ne leur a été confiée. Chacun ayant une spécialisation particulière : psychologue, médecin, océanographe, linguiste, théologien, thermoplasticien, photographe, électronicien, sociologue, économiste... et essayant de mettre ses ressources à profit pour décortiquer ce petit bout de terre qui leur a été accordé, mais aussi chacun d'entre eux. Hélas, dès qu'ils se retrouvent tous réunis, l'hécatombe commence : ils tombent tous comme des mouches. Serait-ce l'action maléfique du Destructeur de Forme ?

La religion a beaucoup changé depuis la bonne vieille Bible, et d'ailleurs Philip K. Dick explique très bien sa démarche dans l'avant-propos. Le livre en vigueur s'intitule maintenant Comment j'ai ressuscité d'entre les morts à mes moments perdus comme vous aussi pouvez le faire et a été écrit par un certain Specktowsky. Il énonce des vérités fondamentales semblant se baser sur un mélange de toutes les grandes religions, et nomme les aspects de la divinité par leur fonction : Psychofaçonneur, Intercesseur, Marcheur-sur-Terre, Dieu... et le Destructeur-de-Forme. La prière peut être envoyée à qui de droit grâce aux ondes émises par la glande pinéale, et parfois, être accordée. Ce serait d'ailleurs leur seule porte de salut, étant donné les circonstances...

Non sans rappeler les Déportés du Cambrien de Robert Silverberg, le livre commence fort et ne perd jamais en intensité, même dans ses passages plus "creux". Philip K. Dick reprend les pinceaux pour dépeindre la folie spirituelle (Le Dieu venu du Centaure) et nous emmène encore une fois très loin, dans tous les sens du terme, et il vaut mieux s'accrocher pour ne pas perdre ni pied ni tête. C'est tordu, incroyablement bien ficelé, dangereux, et effectivement labyrinthique et cauchemardesque. Et si vous pensiez avoir tout compris, attendez donc de voir la fin : elle fera exploser en mille morceaux tout ce que vous pensiez ! Une expérience profondément mystique et mentale aux confins de l'univers, un des livres que je classerai dans mes favoris de l'auteur, que je ne risque pas d'oublier de si tôt.


par Mrs.Krobb

Au bout du labyrinthe de Philip K. Dick
Littérature américaine (traduction de Alain Dorémieux)
J'ai lu, 1997 (original : 1970)
5 euros

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