mardi 10 mai 2016

"Damnés" - Chuck Palahniuk

Hé, ça fait bien longtemps que je ne vous ai plus parlé de Chuck Palahniuk ! Bon, je n'avais plus rien lu depuis Pygmy, et j'ai pris le temps avant de commencer celui-ci. Sachez qu'il a bien gardé la main, bien qu'il continue de la perdre en dédicace. D'ailleurs, je vous informe que son nouveau livre, Orgasme, est déjà paru chez Sonatine, vous m'en donnerez des nouvelles.

L'histoire commence par la fin. Enfin, par la mort, quoi. C'est un peu triste et blasant, quand on n'a que treize ans, de n'avoir quelque chose à raconter qu'une fois qu'on a terminé mangé par les vers. Surtout quand on est mort de cette façon minable et honteuse. Alors, il faut parfois user d'humour, d'auto-dérision, revenir sur son passé, ruminer ses souvenirs, se demander ce qu'on a bien pu faire de si mauvais pour terminer en Enfer. Oui, parce que bon, ça ne s'arrête pas là, on vit puis on meurt et c'est tout. Il y a le Paradis et l'Enfer, mais le pourcentage de chances pour que vous terminiez vautré dans une marée de rognures d'ongles, de mégots et de merde est plus élevé que vous ne le pensez.
En Enfer, si vous entendez les démons annoncer qu’ils vont faire une grande faveur à tout le monde en projetant un grand film hollywoodien, ne vous emballez pas, parce que c’est toujours le Patient anglais, ou, malheureusement La Leçon de piano. 
Heureusement, Madison se remet vite d'avoir passé l'arme à gauche, sa vie n'était pas terrible et on finit par bien s'amuser une fois qu'on a lâché prise. D'ailleurs, elle ne met pas longtemps avant de révolutionner l'Enfer, de scalper la moustache d'Hitler et de récupérer les légions ennemies pour les faire travailler à son compte.

Une fois n'est pas coutume, Chuck Palahniuk s'attaque à absolument tous les clichés du rêve américain, en passant par les pseudo-hippies qui se déplacent en jet privé et adoptent tous les enfants du tiers-monde. Il fonce dans le tas de la mythologie, de la religion, de l'histoire, et il prend garde de bien piétiner toute l'humanité et de la barbouiller de ses péchés capitaux. C'est méchamment drôle, souvent pathétique, parfois héroïque, toujours cynique, agrémenté de la candeur d'une adolescente prépubère et de son mépris pour le monde. Et c'est meilleur à chaque page. Bref, l'Enfer c'est surtout une question de point de vue.
Mais non, bien sûr, vous n'allez pas mourir - pas vous - pas après tous les antioxydants que vous vous êtes enfilés. Pas après tous ces joggings autour de l'étang.
par Mrs.Krobb

Damnés de Chuck Palahniuk
Littérature américaine (traduction par Héloïse Esquié)
Points, mars 2016
7,50 euros

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