Cette beauté crue m'avait fouetté dans Deadwood (ouais ouais comme la série mon gars), et j'avais retrouvé ce décor glauque et humain dans Paperboy (mais si le film où que Zac Efron il s'fait pisser dessus par Nicole Kidman qui joue une grosse nymphe du bayou), God's Pocket ne sort pas du lot, il fait mouche, tape là où ça fait du bien, de la grosse crasse qui décrasse, un tableau comme on aimerait en voir souvent.
Leon Hubbard est une grande gueule, du genre à frimer avec un rasoir et à le sortir pour n'importe quelle raison. Jusqu'au jour où il le sort une fois de trop sur son lieu de travail (un chantier en construction de Philadelphie) et blesse un vieux noir. Le vieux se lève et BIM, lui décolle un coup pas piqué des hannetons derrière le crâne, butte le gosse. Bilan : fait divers de merde posant directement le cadre dans lequel l'auteur nous embarque, la confiance suintant de tous les ports de sa plume.
Ce fait divers va toucher les habitants du quartier de près ou de loin, chacun y mettant sa petite graine. De la mère impossible à consoler prétendant que son gosse était un saint, le beau père ayant plus ou moins des relations avec l'ancienne Mafia (qui s'fait dézinguer à tour de bras), un journaliste populiste et alcoolique qui pour des raisons peu glorieuses va s'imbriquer dans l'histoire, …
Un joyeux bordel qui nous empêche de lâcher le bouquin (même pour aller s'chercher un Coca au frigo t'imagines ?). Du grand spectacle bourré d'humour noir, un portrait au vitriol de l'amérique conservatrice des années 80 dans un quartier chaud de Philadelphie. Aucun héros, aucun bourreau. Voilà ce que j'aime chez Pete Dexter !
Un bon moyen d'avoir plus qu'une mi-molle pour moins de 10 euros, bilaï.
par Loubard
God's Pocket, de Pete Dexter
Littérature américaine (traduction par Olivier Deparis)
Points, septembre 2009
7.60 euros
Littérature américaine (traduction par Olivier Deparis)
Points, septembre 2009
7.60 euros
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