Et en effet, Le déluge est une autre belle et triste histoire qui tend à démontrer qu'on peut soigner la folie par l'art, et parfois même la maladie ou la mort. Grâce à d'autres moyens d'expression, plus violents, directs, colorés, émotionnels, sensuels que les mots, bloqués et trop étriqués, les personnages trouvent le moyen de s'apprivoiser, d'abord, puis d'essayer de se comprendre petit à petit. Evidemment, tout n'est pas rose, et il faut essuyer de nombreux échecs, tout le temps, il faut savoir s'accrocher et surtout avoir de quoi le faire. Il faut avoir envie, envie de vivre, de vivre avec soi, puis avec les autres.
Comment un si bon peintre peut-il être réduit à ce point à un vieux fou pyromane, à la limite de l'autisme ? Il se retrouve toujours sur le point de hurler, de brûler, en n'ayant pour les autres qui l'entourent et qui l'aident que quelques mots par-ci par-là, souvent énigmatiques, et des gestes brusques, colériques. Pourtant, aux autres il leur apprend l'amour, la vie, l'aventure, et en contrepartie, le déluge vient apaiser ses flammes.
Dommage toutefois pour le décor et le reste de l'histoire, qui parfois se retrouve enveloppé d'un peu trop de facilité (quoiqu'il faille bien ça pour un si court roman). Pour réaliser leur oeuvre magistrale, les personnages sont plus qu'aidés de l'extérieur, ils n'ont d'autres soucis que leur moi intérieur, la difficulté de leur amour les uns pour les autres, la difficulté de trouver le bon ton pour s'exprimer, la difficulté d'être malade... Ca n'en reste pas moins quelque chose d'enivrant et ça donne peut-être parfois un peu envie de sauver les autres.
par Mrs.Krobb
Le déluge de Henry Bauchau
Littérature française
Babel, novembre 2011
7,70 euros
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