Son roman est façonné comme une poupée russe, où les histoires et les anecdotes se chevauchent, ainsi que les narrateurs. Passant de réalités historiques et scientifiques en théories farfelues et en murmures surréalistes, il n'hésite pas à nous proposer tout un éventail de desserts composés d'astronomie, de geckos alcoolisés et d'oranges amères. Ses personnages ne savent plus où ils en sont, ils aimeraient accéder à l'immortalité, et tout faire, et tout voir. Tous se croisent et s'inventent des vies, s'inventent une raison d'être au sein de ce gigantesque décor qu'est l'univers.
Comme toujours, l'auteur aime à philosopher longuement, en se contredisant de temps en temps, pour adopter toutes les possibilités, il caresse l'imagination avec des doigts savants, et saute de dinosaures en bébés morts, fait se rencontrer le peintre Goya et le fameux Joker des jeux de cartes, avec une logique imparable et déroutante. Poète à son heure, il ponctue ses récits avec des vers improbables, chacun étant attribué à une des cinquante-deux cartes du jeu, restant énigmatique tout du long. Le tout, de telle sorte, qu'à la fin vous aurez l'impression de vous réveiller d'une transe étrange où tout prend et perd tout à la fois son sens.
Bien sûr, je ne pourrais que vous conseiller de lire aussi Le Mystère de la patience, du même auteur, qui tourne lui aussi autour des cinquante-deux cartes, toujours plus poétique et fantastique, de la même manière onirique et philosophique. C'est peu dire que c'est l'un des livres qui m'a le plus passionnée il y a de ça quelques années. Je vous en parlerai peut-être, un jour couleur limonade...
par Mrs.Krobb
Maya de Jostein Gaarder
Littérature norvégienne (traduction par Hélène Hervieu)
Points, septembre 2001
8,40 euros
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