Costandis, un capitaine sanguinaire et enthousiaste, a fait appel à un jeune peintre pour figer en image ses instants de gloire. Mais voilà une tâche bien compliquée à exécuter si l'on prend en compte les membres en moins, les têtes sanglantes, roulant aux pieds de l'artiste, le mal de mer, les tempêtes houleuses... Heureusement, le maître à bord est conciliant, aux petits soins pour son protégé. Celui-ci ne tardera pas à entrevoir les possibilités multiples et à jouer de son statut de jeune prodige pour manipuler et assagir l'équipage.
On bascule alors dans une comédie absurde et grotesque où les pirates se convertissent à la foi divine, refusent de se battre et de tuer, de piller ou de jurer, se repentent de tous leurs péchés passés (et ça en fait beaucoup). Les prières remplacent les coups d'épée, la mélancolie balaye la cruauté... Mais bientôt, le bateau se retrouve sans maître à bord et les autres navires se font menaçants.
Voilà un bel exemple de la victoire de la ruse sur la brutalité, et une bonne approche de la religion sous ses aspects les plus condescendants. C'est une histoire pleine de bon sens, de malice et d'audace, qui ose bousculer les codes du récit d'aventure tout en restant dans une approche classique de la comédie à l'ancienne. On remerciera encore une fois Cambourakis d'avoir su dénicher un auteur avec une plume fantastique, irréprochable, et de nous faire découvrir des petits bijoux hors norme.
par Mrs.Krobb
Le Peintre et le Pirate de Còstas Hadziaryìris
Littérature grecque (traduction par Sophie Goldet et Michel Volkovitch)
Cambourakis, juin 2014
10 euros
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