Le bateau coule. Les personnages aussi. Ainsi que le monde autour.
Le petit déjeuner des champions est sans aucun doute la crème de la littérature américaine, le café noir de la lucidité. L'écriture et le regard sur le monde de Kurt Vonnegut ne manquent pas de piquant ni d'efficacité, et on le verrait bien parler du monde aux générations futures ou aux sociétés extraterrestres. C'est déjà plus ou moins ce qu'il fait ici, avec les quelques petites illustrations qui viennent appuyer son texte pour représenter quelques objets et choses caractéristiques des humains, en s'adressant à un public qui pourrait ne pas connaître la vie sur Terre. Très critique et pourtant parfois presque candide, Kurt Vonnegut s'impose en narrateur omniscient et présent dans son récit, tel quel et sans enjoliveurs, en Grand Créateur un peu dingue qui voudrait à la fois un monde meilleur et plus de ce monde du tout. Ce petit jeu amène des situations de mise en abyme assez loufoques voire surréalistes, et fait réfléchir sur le pouvoir d'un auteur et sur la vie des personnages.
Un grand classique, sans aucun doute puisque remis au goût du jour avec une nouvelle traduction, de la culture américaine dans son Empire et son déclin, dans toute sa splendeur, son absurdité, sa cruauté, son racisme, sa tricherie, son capitalisme. A classer à côté de Chuck Palahniuk et de Tom Robbins (également chez Gallmeister), pas loin de John Irving et de Will Self (même si lui c'est un anglais).
par Mrs.Krobb
Le petit déjeuner des champions de Kurt Vonnegut
Littérature américaine (traduction par Gwilym Tonnerre)
Gallmeister (Totem), avril 2014
10,50 euros
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