"L'utilisation d'un langage imprécis est l'une des principales causes de maladie mentale chez les humains (...) L'incapacité à percevoir la réalité de façon correcte est souvent responsable de la conduite démentielle des humains. (...) Cela affaiblit leur sens de la réalité, les éloigne davantage du rivage pour les perdre sur les eaux brumeuses de l'aliénation et de la confusion. (...) Le mot "génial", par exemple (...) C'est devenu un mot éponge : on peut le presser et en faire sortir une pleine bassine de sens, et on ne sait toujours pas quel est le bon."Et pourtant, le premier mot qui me vient à l'esprit pour parler de son/ses roman/s (voir : Un parfum de jitterbug, Féroces infirmes retour des pays chauds, Comme la grenouille sur son nénuphar...), c'est bien celui-ci : génial. Lire un de ses livres, c'est comme aller à la messe sous acide. Il est souvent question de religion, beaucoup de la décadence de l'Amérique, avec un soupçon de mysticisme et des chapelets de mots bien choisis pour faire à la fois rire, rêver, comprendre, interroger et voyager.
Les jambes fluettes en question défont des cercles vicieux de pensée dans la tête des gens au même moment que Jérusalem continue d'être un questionnement perpétuel. La guerre des religions fait rage alors même qu'on en a oublié le sens premier, mais le Super Bowl fait toujours l'unanimité. Les artistes continuent de rêver de la majestueuse New-York tandis que les objets s'animent pour aller ritualiser en espérant sauver l'humanité. Ajoutez à tout ça des questionnements sur l'art et la féminité, fourrez le tout dans une dinde géante qui traverse l'Amérique entre deux parties de jambes en l'air.
Le résultat reste toujours aussi incongru à tenter de décrire, mais croyez-moi, si vous tenez bon, vous allez en sortir électrisés, et vous n'aurez qu'une envie : lire ses autres romans. Qui, soit dit en passant, ne datent pas vraiment d'aujourd'hui (le décalage horaire entre américains et français en littérature est toujours aussi énorme, il n'y a qu'à voir pour David Foster Wallace), mais qui commencent à bien se faire leur place grâce à Gallmeister.
Et pour vous dire à quel point j'admire cet auteur, je vous ai courtoisement recopié un des passages que je trouve le plus intéressant, à propos de voiles qui tombent, et d'illuminations qui viennent.
Je laisse d'autres prendre le relai pour le mot de la fin :
- An Interview with Tom Robbins par François Happe (en anglais)
- Les Inrocks, à propos de "Une bien étrange attraction" (qu'il faut bien entendu lire aussi)
- Jambes fluettes, etc. sur Tulisquoi
par Mrs.Krobb
Jambes fluettes, etc. de Tom Robbins
Littérature américaine (traduction par François Happe)
Gallmeister, mai 2014
24,50 euros
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