"La pharmacie" - Magnus Florin

Entrez dans la pharmacie du Lion, une boutique à l'ancienne où c'est encore le pharmacien qui fait ses produits lui-même sur commande pour ses clients. On sent qu'il y règne l'ordre, la discipline, la propreté, la bienséance, la politesse, l'apprentissage rude, mais par les yeux du fils du pharmacien, on découvre un univers complexe, poétique, rigoureux, fascinant, et parfois épuisant.

Dressé à la manière d'un catalogue, d'un petit mode d'emploi sur la vie, sur comment bien se comporter en société, ce livre est écrit avec la plume et l'innocence d'un jeune enfant studieux dont la vie connait assez peu de fantaisie mais qui ne manque pas de s'émerveiller quand même de chaque petite chose. On y suit sa vie d'enfant puis d'adulte, ainsi que celle de ses neuf frères et soeurs, qui sont comme des fantômes énigmatiques et turbulents, qui ne rêvent que de sortir de la rigueur familiale et de faire leur vie, mais qui retournent toujours dans les jambes de leur sage aîné.

Très aérien, léger, rythmé, comme un mantra, La pharmacie est très agréable à lire et se lit d'ailleurs d'une traite. Les inventaires dressés installent le lecteur dans une ambiance concrète, pleine de senteurs et de bon sens, et ce dernier évolue aux côtés du protagoniste à la manière de ses frères et soeurs, silencieusement, religieusement. Le temps s'écoule petit à petit, saison par saison, balayant sur son passage les ambitions et les plus vieux, et le sens familial, auparavant érigé sur son piédestal, droit et colossal, finit lui aussi par s'effriter, ainsi que les valeurs et le devoir. Toutefois le texte est moins moralisateur qu'il n'est subtil et bienveillant.

par Mrs.Krobb

La pharmacie de Magnus Florin
Littérature suédoise (traduction sous la direction d'Elena Balzamo)
Cambourakis, février 2015
16 euros