Le Profesor Luis observa les vautours dans les arbres et donna au plus âgé des garçons la mission d'en abattre un, ainsi qu'un iguane, parce que ce jour-là il y avait leçon de biologie. On entendit une détonation aigüe et une abominable cacophonie. Le garçon revint, à peine capable de porter le répugnant animal ; il repartit en quête d'un iguane. Le Profesor désigna les parasites nichés dans les plumes, et on parla des parasites en général. Il éviscéra l'oiseau et expliqua soigneusement, voici le foie, il ne faut pas boire trop sinon le vôtre enflera et vous mourrez. Voici les reins, buvez de l'eau pure. Voilà les poumons, ne fumez pas. Il leur montra comment les serres se ferment automatiquement quand on appuie dessus. Il coupa les ailes, pluma la queue, prit deux morceaux de bois et ils fabriquèrent un planeur, ce qui permit à Luis d'expliquer les principes du vol.On pourrait presque en dire que ça ressemble à un petit guide pratique du routard pour l'Amérique du Sud, signé par le Che et agrémenté de croyances païennes - ou bien que ce livre rappelle le célèbre roman Cent ans de solitude de Gabriel García Márquez et celui, moins connu, de A.C. Weisbecker : Cosmix Banditos. Louis de Bernières a concocté un savant mélange détonnant d'humour, de mystique, de poésie et de cruauté barbare, avec beaucoup de douceur et d'inventivité pour ses personnages qui sont de bons compagnons de route - excepté ceux qui sont des crapules sans nom, des orduriers de première classe et des ramassis de trous du cul.
Le garçon revint avec un grand lézard vert. A l'aide d'une vieille batterie de voiture et de deux fils de cuivre, ils découvrirent, en suivant les convulsions de l'animal, le trajet des nerfs dont ils dessinèrent le diagramme en grand sur la poussière.
Jadis, un peintre s'aventura dans la Cordillera afin d'exécuter un portrait invisible du Christ. Quant il eu achevé son oeuvre, les Indiens escaladèrent les rochers pour l'examiner et découvrirent le portrait de Viracocha. Un Chinois qui passait par là grimpa voir ce qui causait une si vive effervescence et découvrit avec étonnement un portrait du Bouddha sur le rocher. Le peintre maintint que c'était une représentation invisible du Christ ; une âpre et bruyante discussion s'éleva. AU milieu de l'altercation, un Indien s'aperçut que le portrait s'était effacé.Ca a été pour moi une très bonne surprise, qui m'a donné l'envie d'approfondir l'oeuvre de l'auteur dont la plume ne manque pas de piquant. Un pavé exquis que je peux classer dans le top 50 des livres qui m'ont le plus fait voyager, rire et frémir.
La vérité, c'est qu'il suffit de regarder pour trouver ce qu'on veut dans les montagnes, à condition de ne pas oublier qu'elles n'aiment pas les imbéciles et que les idées préconçues leur inspirent une aversion particulière.
Au général zoologique qui dormait béatement sous les étoiles, le bras sur le cou de son chat ronronnant, était échu un destin unique sur terre : assassiné trois fois dans la nuit en son absence, dont une par lui-même, il était vivant et déserteur.
par Mrs.Krobb
La guerre des fesses de don Emmanuel de Louis de Bernières
Littérature anglaise (traduction par Frédérique Nathan)
La cosmopolite (Stock), juin 2001
10,75 euros
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