L'histoire se découpe cette fois-ci en deux temps très éloignés et distincts : le passé - par rapport au deuxième tome - où l'on voit évoluer une psychiatre et un policier qui prennent en charge un jeune SDF qui remplit des cahiers très mystérieux ; et le futur - dix mille ans plus tard - qui est relaté dans les pages de ces carnets, où la voix de Turk Findley, dissout par l'Arc Temporel précédemment, refait surface. Et le plus bizarre, c'est que le jeune homme, Orrin Mather, se trouve avoir travaillé dans les entrepôts du père Findley, ceux-là même qui sont censés se faire bientôt incendier par Turk.
La problématique tourne encore autour du traitement martien pour atteindre le Quatrième Age, détourné de son utilisation principale pour atteindre le marché noir. Les craintes du premier tome commencent à porter leurs fruits. Mais pas seulement : le Cinquième Age, l'immortalité promise par l'Arc Temporel et les Hypothétiques, semble fortement intéresser la communauté de résistants dix mille ans plus tard, toujours plus fanatiques et suicidaires.
Cette fois-ci, on retrouve beaucoup de la densité et du raisonnement scientifique et métaphysique du premier tome. L'environnement très contrôlé de Vox, cette île géante flottant sur les eaux des planètes reliées par les Arcs, dotée de technologie hautement minutieuse et d'un Réseau neurologique qui contrôle l'ensemble de ses citoyens, pose les bases d'un monde futur à la fois très prometteur pour se protéger des dangers de l'extinction et de l'hostilité de l'environnement et très orwellien pour avoir la main mise sur sa population. On y retrouve une connectivité et une conscience proche de celle des Hypothétiques.
Un des thèmes majeurs ici est avant tout l'écologie, le soucis de la planète et de la sur-consommation. Dans un futur tragique où la Planète est dorénavant ravagée et tout à fait hostile à toute forme de vie, on s'interroge sur ce qui a conduit l'Homme a dépasser outrageusement les limites et à continuer de piller les ressources de toutes les planètes accessibles jusqu'à voir décimer sa propre espèce de même que toutes les autres... alors même qu'il a bénéficié d'une protection inattendue contre les radiations et les grands bouleversements universels.
Le sujet est confus et souvent autodestructeur. Le sujet recherche des gratifications à court terme aux dépens de son bien-être.
Par ailleurs, vous aurez enfin les réponses tant attendues par rapport à ces Hypothétiques, en navigant sur des territoires cauchemardesques et ravagés. L'auteur signe une apothéose grandiose, cosmique et transcendantale, qui sera à la hauteur de ces trois romans intenses et dignes d'être élevés au rang des plus grands livres de la science fiction. Un récit préoccupant et presque plausible sur le rôle des machines, l'avenir de l'humanité et de la planète, la conscience contrôlée, le transhumanisme, la religion et le rapport à l'univers.
par Mrs.Krobb
Vortex de Robert Charles Wilson
Littérature américaine (traduction par Gilles Goullet)
Folio SF, mars 2015
8,20 euros
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