Les deux agents échangèrent un regard puis présentèrent leurs cartes à Nicholas, que la rage et la terreur envahirent soudain. En balbutiant, il entreprit de raconter aux deux agents du F.B.I. une blague qu'il avait lue dans la rubrique « Talk of the Town » du New Yorker, et qui parlait de deux agents du F.B.I. qui, lors d'une enquête sur quelqu'un, avaient interrogé l'un de ses voisins, lequel avait déclaré que l'homme en question écoutait des symphonies ; ce sur quoi les agents avaient demandé d'un air suspicieux dans quelle langue étaient les symphonies.C'est un roman très intime, puisqu'il s'agit d'un récit en très grande partie inspiré d'éléments autobiographiques, où Philip K. Dick se met presque à nu dans ses expériences, ses ressentis, ses théories, ses peurs des plus rationnelles aux plus paranoïaques. Il expose ses propres contradictions personnelles en se dédoublant lui-même en deux personnalités distinctes : Nicholas Brady, le vendeur de disques, à qui il arrive toutes les expériences mystiques et spirituelles, et Philip K. Dick, l'auteur de science-fiction, étrangement beaucoup plus terre-à-terre et sceptique ; ces deux personnages dialogueront le plus souvent pour faire avancer les théories, en se soutenant mutuellement.
- Je croyais que tu penchais pour la théorie des univers parallèles, dis-je, surprise.En quelque sorte, il s'agit d'un résumé succin de ce qui sera ensuite son Exégèse, ses milliers de pages de notes qu'il a commencé à rédiger après son expérience de février / mars 1974 avec la vision du poisson d'or - ancien symbole chrétien.
- C'était il y a un quart d'heure, dit Phil. Tu sais comment je suis avec les théories. Les théories, c'est comme les avions à l'aéroport international de L.A. : un toutes les minutes.
Tout en marchant, j'eus l'impression que les boîtes de bière aplaties, les papiers, les mauvaises herbes et le vieux courrier avaient été disposés par le vent de manière à dessiner des motifs ; ces motifs, lorsque je les examinai, avaient été distribués de manière à englober un langage visuel. Celui-ci évoquait les signes de piste dont je croyais savoir qu'ils avaient été utilisés par les Indiens d'Amérique et, chemin faisant, je sentis l'invisible présence d'un grand esprit qui m'avait précédé - qui était venu ici et avait déplacé les indésirables débris pour en faire ces arrangements subtils et riches de sens conçus en manière d'éléments d'un salut entre camarades qui m'était destiné, à moi, l'être plus petit qui viendrait ensuite.Ce livre est donc moitié réel / moitié science-fiction, et en tout cas le plus personnel de l'auteur. Il a d'ailleurs été refusé par son éditeur à l'époque de son écriture, suite à quoi Philip K. Dick l'a offert à son ami et écrivain Tim Powers (qui pourrait très bien être le P.K.D qui apparaît dans le roman). Radio Libre Albemuth, d'abord nommé Valisystem A, a donc été publié à titre posthume, et constitue le prélude à la Trilogie Divine.
Une vision sombre du monde, qu'il compare à une prison de fer, à l'Empire romain, ponctuée d'une vision bienveillante de la divinité extraterrestre, dont l'unique but est de ressusciter l'Esprit Saint à travers les hommes d'aujourd'hui pour mettre fin à la tyrannie qui a commencé il y a deux mille ans. A suivre... avec SIVA.
J'avais été ramené à la vie. Au bout de deux mille ans.
Né une seconde fois. Une entité toute fraîche, entièrement nouvelle. Ressuscitée pour exister, complète. Avec des facultés et des fonctions que je n'avais jamais eues, qui avaient été perdues, supprimées lors de la chute originelle. Supprimées, non pas à moi en tant qu'individu - supprimées à notre race.
Bonus citations : 1, 2, 3, 4, 5 et 6
par Mrs.Krobb
Radio Libre Albemuth de Philip K. Dick
Littérature américaine (traduction par Emmanuel Jouanne)
Folio SF, janvier 2006 (original : 1985)
8,20 euros
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