Dans la merde, ya pas de milieu. Ya juste la merde. C'est la merde, le milieu... Dans l'béton, c'est pareil.Fignole, la narratrice, et sa soeur Poulette, ont grandi dans l'béton. Genre, elles ont appris à manier la bétonneuse quand certains autres jouaient encore dans le bac à sable. Ça, c'est parce que leur papa, qui a plusieurs prénoms et plusieurs noms, il est à fond dedans, dans l'béton, moderniser un peu tout ça, réparer les bidouilles et rafistoler en six-quatre-deux, s'électroputer à répétition - même pas mal - et détruire autant que construire. La mère, elle est pas trop fan, surtout quand ses enfants ressemblent à des sarcophages ou que le plafond lui tombe sur la tête.
L'entropie, ça va avec l'impéritie, comme la poule avec l'oeuf et vice versa. Comme Moïse et la fille de Pharaon. Comme la vérole et le bas-clergé. Comme la manne et le désert.Alors entre le béton et les cahiers de comptabilité, il y a aussi la campagne pendant les vacances, les forts et les champs de bataille, les explosifs et les catapultes-araignées, les combats à sang pour défendre Dame Catherine, la petite fille noire adoptée par la vieille, pour son honneur et pour la beauté de la chevalerie. Et il vaut mieux en profiter à bloc, parce que le retour à la ville, ça fait mal. Mais surtout pour les autres, qui se font casser la gueule.
Mais encore ?
L'entropie, c'est quand tout empire, empiriquement et in situ, et qu'on peut plus échapper à l'empire du pire.
L'entropie, c'est simple, dit la Poulette : l'entropie, c'est notre père.
En ville, on est la proie dla race des préposés à la discipline. On nous y aère dans des centres. On nous y conserve dans des conservatoires. On nous y inculque et incarcère, tant que c'en est un calvaire et que dès qu'on me foutit en prison à l'école, je n'eus de cesse de m'en évader.Difficile de vraiment classer ce livre, dont on peut dire, tout au mieux, qu'il est quand même original, de par son écriture tellement cassée dans ses recoins, tellement tordue, qu'elle transpire l'amour du béton plutôt que l'amour des mots, mais en même temps on peut dire que ça retranscrit bien quelque chose, peut-être de l'ordre de la Guerre des boutons, enfin pas trop non plus, c'est juste pour vous situer. C'est sûr, on y croit à la môme qui raconte son enfance et qui décrit l'entropie suprême. C'est tellement oral que l'écrit pique les yeux. Et on pourrait dire aussi que c'est une parodie du machisme crasse, une cassure dans les étiquettes qu'on colle aux petites filles comme on les colle à la dinette, et aussi un peu une parodie qui veut que ceux qui ont peur de se briser les orteils c'est tous des tafioles. Même si parfois à vouloir faire trop, c'est marre et c'est trop plein de clichés gratuits, on va dire que c'est fait exprès. En tout cas, ça se lit vite, ça c'est sûr, et la forme sert le fond donc on peut dire que c'est artistiquement intéressant. Et ça m'a rappelé certains souvenirs, un peu, mais ça c'est tout personnel.
Bonus : extrait 1 et 2
par Mrs.Krobb
Dans l'béton de Anne F. Garréta
Littérature française
Grasset, octobre 2017
17 euros
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