Triste constat sur la colonisation et ses méfaits sur les minorités ayant chacune leurs coutumes et leur façon de vivre, ce récit est une critique à double sens, notamment des effets de l'imposition d'une culture. Alors même que chacun vivait en autarcie et en harmonie avec ses propres valeurs, une uniformisation s'impose et fait disparaître rapidement tout ce qui était la colonne vertébrale d'un peuple. Mais l'auteur n'est pas pour autant un conservationniste acharné, il reconnaît aussi qu'il est parfois bon d'évoluer et que les traditions sont parfois un peu trop tirées par les cheveux. Il s'agit juste de ne pas suivre bêtement des croyances, des habitudes, des modes de vie dont nous ne comprenons pas les subtilités uniquement pour suivre un mouvement (si toutefois nous n'y sommes pas forcés).
Avec un langage très imagé et grandement expressif, l'auteur dépeint les avantages et les côtés grotesques des modes de vie de l'Homme depuis son côté le plus primitif jusqu'à son entrée dans le monde des "grands". Il y a un côté très sauvage, très innocent et très juste dans le regard du protagoniste, et on se plait à déambuler dans un paysage presque enchanté, dénué de contraintes. Et surtout, il est rassurant de se savoir protégé par la langue des serpents, avec laquelle il est possible de communiquer avec les animaux. Mais même eux finissent par ne plus en connaître les subtilités... La nature aussi change, tout comme l'Homme. Et heureusement, car sans évolution, nous ne serions pas en train de lire de si bons livres...
par Mrs.Krobb
L'Homme qui savait la langue des serpents de Andrus Kivirähk
Littérature estonienne (traduction par Jean-Pierre Minaudier)
Le Tripode, janvier 2013
18,40 euros
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