lundi 6 février 2017

"L'Opium du ciel" - Jean-Noël Orengo

Un roman dans l'air du temps, dont le point de vue assez original est celui d'un drone. Celui-ci, à la base drone domestique, de divertissement, doté uniquement d'une caméra, appartient à une jeune fille en période de trouble. Elle ne tardera pas à se rallier à la cause Daesh, son Necronomicon, et à coupler son drone avec un autre, de surveillance militaire et de combat, celui-ci. Au fil de ses pérégrinations, il finira par tomber entre les mains de drôles de personnes, isolées du monde, inspirées de personnes réelles dont par exemple Marija Gimbutas et Raphael Patai.
 Ils avaient tous les deux laissés des livres célèbres dans les domaines de l'archéologie et de l'anthropologie, à vrai dire leurs travaux croisaient plusieurs disciplines, la linguistique, les arts pariétaux, la mythologie, et cela enrageait leurs collègues universitaires d'autrefois pour qui on ne peut pas venir comme ça d'une science dans une autre faire son nid sans le cursus et la reconnaissance habituels, c'était intolérable, ça mettait en relief leur inertie et leur soumission à professer dans les clous, sans imagination ni vague ni passion, rien, calme mou, séminaire et dodo.
Il apprendra beaucoup sur la religion, le culte de la Déesse Mère - oubliée, sur les conflits qui animent le monde. Devenu Jérusalem, conscient, intelligent, doté de parole et de réflexion, il voguera ensuite vers la France, l'Italie, l'Inde...
Le ton  résultant de mes prises de parole donnait de moi l'idée d'un être infantile, dilettante, traversant les thèmes importants et douloureux de son époque pour en faire de l'esbroufe un peu vaine, et d'un goût presque ridicule. Moi qui volais, j'avais l'impression de n'être jamais à la hauteur, et que je valais mieux tout en y arrivant pas.
Le défi de voir à travers les "yeux" d'un drone est assez original, et l'écriture s'en voit forcément un peu inégale, confuse, mais avec une certaine réflexion sur le monde, plutôt variée. D'abord peut-être un pari pour parler de certaines personnalités comme Jacques Bergier et Louis Pauwels, Martin Bernal, ou encore Philippe Sollers et H.P. Lovecraft, ce livre au début un peu laborieux à lire, souvent explicite et cru, nous emporte finalement au gré des pérégrinations du drone, avec aisance.
Pourquoi ces flashs ? D'où ces flashs ? Trauma ? Si trauma existe d'une expérience où je n'étais qu'à l'état de robot chosifié, cela signifie-t-il qu'une âme déjà, trempait dans cet amas d'électronique végétative ? Attendant le souffle, la ligne de code qui donnerait moins la vie que la révélation de cette âme, la conscience d'en être une, et la conscience d'être en vie ?
A la fois spirituel et assez terre-à-terre, parfois un peu plat et ensuite bien piquant, ce récit donne à réfléchir sur l'humanité, l'avenir des machines, leur potentielle prise de conscience et leur impact.
L'erreur est humaine trop humaine, diabolique facteur d'une condition d'homo-precarius surestimée sur l'échelle de l'évolution, théorie d'ailleurs courte en matière d'aventure génétique.

par Mrs.Krobb

L'Opium du ciel de Jean-Noël Orengo
Littérature française
Grasset, janvier 2017
19 euros

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