Dans chacune d'elles, on retrouve des personnages tristement ordinaires ou terriblement tristes que la vie soit si ordinaire, vaquant dans la capitale londonienne comme des fantômes, des laissés pour compte, des futurs adeptes de Valium et consorts, des morts prématurés, des hallucinés égarés. Elles reprennent certains des personnages phares des autres livres de Will Self (Ainsi vivent les morts, Les grands singes...) que vous connaissez peut-être pour leur excentricité, leur point dénominateur : la folie et la mort, la maladie et le déni. Tout transpire le fatalisme, la fin du monde déjà en marche, et la bêtise de l'Homme.
Si vous êtes atteints d'une légère déprime passagère ou d'une psychose quelconque, ne lisez pas cet auteur. Si vous avez dévoré Ionesco, Palahniuk, Gaiman, - voire même Baudelaire ? - vous pouvez y aller, c'est tout ce qu'il vous manque pour faire vos bagages et trouver une porte de sortie qui vous amènera bien loin de ce monde-ci. Will Self démonte l'idée d'une réincarnation en faisant de la mort quelque chose d'aussi chiant que la vie, écrase les psychiatres et rend fous les rescapés, crache sur le système et fait de l'attente quelque chose qui pourra faire de vous un tueur.
Malgré tout, si l'on aime, c'est parce que c'est salement vrai, et surtout vraiment bien saisi au vol, avec une écriture relativement intelligente et un regard acéré mais juste. Une rebellion passive qui n'attend que l'explosion, le poing levé, la révolution finale.
par Mrs.Krobb
La théorie quantitative de la démence de Will Self
Littérature anglaise
Points, mars 2001
7,60 euros
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