Yves Grevet mise fort en créant une société basée sur des presque réalités sordides, tout en réalité morose et sans espoir d'avenir meilleur. Pas question de dragons, de baguettes magiques, ni de pouvoirs incroyables, mais juste des enfants perdus. Il instaure un lieu totalement artificiel, créé pour des enfants pas encore arrivés à maturation, où la discipline reigne en maître, avec la tyrannie d'un Big Brother mêlée à celle de la Cité des Enfants Perdus. Quatre catégories de "couleur" ou niveau pour les différencier, des noms de la Rome Antique pour les appeler, des études toutes tracées pour qu'ils ne soient jamais trop intelligents mais toujours très sportifs. Aucun signe de révolte n'est toléré, sous peine de passer quelques heures voire quelques jours dans une chambre froide. Drogués, menés à la baguette, puis disparaissant soudainement dès lors qu'ils deviennent "trop grands", ces enfants n'ont d'autre solution que de se plier aux règles, puisqu'on leur apprend bien vite que de toute façon, dehors, c'est pire. Oui, mais... Qui n'a pas envie de savoir ?
Sans vous en dire plus sur l'histoire, il faut savoir que c'est probablement la meilleure saga destinée à la jeunesse que j'ai lu jusqu'ici. Yves Grevet pousse à être intelligent, à ne pas rester dans les rangs sans se poser de questions, à instaurer une démocratie avec une hierarchie tournante, à savoir se battre, à se cultiver, à être curieux, loyal, honnête, et à ne jamais laisser tomber. Sans être jamais moraliste, et ça... c'est rare. On peut y retrouver de nombreuses références, à condition d'avoir déjà assez lu comme ça, et peut-être un avenir probable pour le monde. C'est presque sans concession, et je n'ai relevé aucune niaiserie mal placée. On vous glisse comme ça, l'air de rien, qu'il ne faut pas attendre d'être grand pour prendre le pouvoir, qu'il ne faut pas attendre qu'on vous donne de l'importance pour prendre la parole. Une petite envie de révolution ?
par Mrs.Krobb
Méto - l'intégrale de Yves Grevet
Littérature jeunesse française
Syros, septembre 2012
26,90 euros
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