Oedipe, Roi de Thèbes, après avoir découvert la véritable identité de sa femme, Jocaste - qui est aussi sa mère et qui met fin à ses propres jours pour ne pas avoir à supporter cette tragédie - se crève les yeux avant d'être mis à la porte de son royaume. L'aventure commence (ou reprend, car Oedipe a déjà comme la plupart des héros dans la mythologie un passé assez chargé) et c'est dans le noir complet qu'il prend la route, sa fille Antigone à ses côtés pour l'aider à porter ce fardeau.
Débute alors un long voyage en aveugle à travers le pays, plein d'humilité, de courage, de rebondissements, de poésie. A chaque escale, on en apprend un peu plus sur l'histoire de ce roi déchu, de cet homme brisé mais toujours debout, de ce père troublé, ainsi que sur les personnages qu'ils rencontreront sur leur chemin, tous ayant des antécédents très riches en émotions. Ce procédé pourrait paraître rebutant à ceux qui ont tendance à perdre le fil, mais c'est une bonne manière de souffler avec eux après une grosse marche assez monotone et d'apprécier la richesse philosophique et épique des textes anciens.
La démarche de Bauchau rejoint plus ou moins celle de José Carlos Somoza, dans le sens où il essaye de redonner un coup de frais à un très vieux mythe. Les deux auteurs mettent un point d'honneur à intéresser le lecteur moyen à des références culturelles de base, à une philosophie plutôt artistique, poétique, révoltée, psychique et bien renseignée. D'ailleurs, il y a un côté un peu autobiographique dans leurs oeuvres, sachant qu'ils abordent des thèmes et des sujets qui les touchent souvent de près. Leur plume est très littéraire mais pas trop exigeante, même s'il faut déjà aimer bien lire pour autre chose que du divertissement.
par Mrs.Krobb
Oedipe sur la route de Henry Bauchau
Littérature belge
J'ai lu, juillet 2000
6,80 euros
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