mardi 4 août 2015

"Nietzsche - Se créer liberté" - Max Le Roy et Michel Onfray

A la base destiné à être adapté au cinéma, "L'Innocence du devenir, La vie de Frédéric Nietzsche" de Michel Onfray a finalement trouvé sens sous les traits de crayon de Max Le Roy - même s'il se serait très bien inscrit dans la veine des biopics sortant ces derniers temps (Alan Turing avec Imitation Game, Stephen Hawking avec Une merveilleuse histoire du temps...). On y apprend plus sur l'homme et sur ses - quelques rares - relations que sur son oeuvre à proprement parler, ce qui au final colle bien avec le contexte de l'époque, à savoir que beaucoup le connaissaient mais peu se sont aventurés à lire ses écrits. D'ailleurs, rares ont été les éditeurs à vouloir le publier à ce moment-là.

L'homme qui nous est présenté, c'est avant tout le révolutionnaire. Celui qui s'oppose à la rigidité du christianisme, qui refuse de devenir pasteur comme tous les autres hommes de sa famille, celui qui se bat pour continuer à jouir des plaisirs de la vie. Paradoxalement, c'est aussi celui qui prône la nécessité plus que le désir, celui qui rejette l'espoir et les sentiments, ceux-ci n'étant qu'un déguisement habile de la nature pour continuer à se perpétuer. Un philosophe assez sombre, qui voit la vie de manière très simple mais peu poétique, et qui finira par être rongé par cette noirceur qui l'éloigne de toute relation. Un amateur de musique, un "sismographe d'émotions" que la maladie et la folie n'épargnera pas.


C'est donc davantage pour montrer l'opinion publique qu'aura suscité Friedrich Nietzsche et pour comprendre rapidement les grandes lignes de sa pensée plutôt que pour réellement se plonger dans de longues réflexion philosophes et sociales. Pour ce que j'en découvre, il semble avoir été un homme avec de grandes idées révolutionnaires, axé sur le besoin de refonder de nouvelles communautés moins étranglées par la religion - mais ça aura été de son vivant et sa pleine conscience quelqu'un d'impossible à suivre, à comprendre, à lire, quelqu'un dont les idées sont à la fois trop contradictoires et trop complexes, trop profondément noires pour ceux qui ne sont pas assez intellectuels à son goût.


Si vous aimez les bandes dessinées plutôt contemplatives, expressives, gestuelles, pouvant être à la fois froides comme la mort et chaleureuses comme Venise, vous pourrez aussi vous régaler de la musique de Wagner et d'un dessin qui sent bon la moustache charbonneuse.

par Mrs.Krobb

Nietzsche - Se créer liberté de Max Le Roy (dessin) et Michel Onfray (scénario)
Bande dessinée française
Le Lombard, mars 2010
20 euros

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