L'histoire se déroule principalement à Londres dans un magasin de disques, elle est racontée par Rob, trente-cinq ans, qui vient de se faire larguer par sa compagne, Laura, et pour qui le monde s'effondre, mais pas assez pour que ce soit foncièrement dramatique et qu'il décide de se reprendre en main. Non, pour lui, c'est seulement un passage obligatoire, le but ultime de toute relation, juste un chapitre qui se clôt sans qu'il ne puisse jamais tout à fait s'en défaire. D'ailleurs, le livre commence par une récapitulation de toutes ses foirades amoureuses depuis ses douze ans. De tout ce qui l'a poussé à faire ce boulot, à être ce genre de mec, à ne plus s'attacher à aucune personne, à n'avoir aucun élan d'enthousiasme.
Somme toute, c'est un livre tout ce qu'il y a de plus banal, sûrement l'histoire de la vie de plein d'hommes de trente-cinq ans qui se demandent encore ce qu'ils ont fait aux femmes pour que ça ne marche jamais, tout en sachant que c'est quand même principalement dû au fait que beaucoup d'entre eux ne savent pas se comporter correctement. Un peu dur à avaler pour toutes les femmes qui liront ce livre et qui sont un tant soit peu touchées par la grâce du féminisme, mais peut-être n'est-ce qu'un étalage de caricatures et de lamentations exagérées pour justement mettre le doigt où ça fait mal. Peut-être.
Vous voyez, les disques m'ont aidé à tomber amoureux, pas de doute là-dessus. J'entends un truc nouveau, avec une modulation qui me tord les tripes, et avant de dire ouf je cherche quelqu'un, et avant de dire ouf je l'ai trouvée. Je suis tombé amoureux de Rosie-la-femme-de-l'orgasme-simultané juste après être tombé amoureux d'une chanson des Cowboys Junkies : je la passais, la repassais, la repassais, elle me rendait rêveur, j'avais donc besoin de rêver de quelqu'un, et puis je l'ai trouvée, et puis... les ennuis ont commencé.Mais l'intérêt principal du livre, c'est peut-être bien ce parallèle musical, ces listes des meilleurs albums - ou bien des pires, toutes ces compiles, ces CD rares, ces playlists pour quand on tombe amoureux et celles de quand on se fait jeter. Les listes des meilleurs films. Des meilleurs épisodes de séries. Bref, un concentré de pop culture vacillant entre les années 50 et les années 90, globalement, de bonnes références si l'on en croit l'auteur. En tout cas, cela donne drôlement envie de s'arrêter à chaque fois pour s'intéresser aux titres et mettre la musique à fond.
Numéro un : Let's get it on de Marvin Gaye. Numéro deux : This is the house that Jack built, Aretha Franklin. Numéro trois : Back in the USA, Chuck Berry. Numéro quatre : White man in Hammersmith Palais, des Clash. Et le dernier, last but not least, ha ha, So tired of being alone, d'Al Green.Et, qu'on se le dise, c'est - malgré le côté largement pathétique - vraiment un roman assez drôle, plutôt bien écrit et honnête. A faire lire à ses ex, ses présent(e)s et ses futur(e)s si on a un message à faire passer. Ou à ceux qui aiment la musique.
par Mrs.Krobb
Haute fidélité de Nick Hornby
Littérature anglaise (traduction par Gilles Lergen)
10/18, avril 99
7,50 euros
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