Je fais partie de ces petites mains.
Mon adresse, c'est Conrad -15, une zone pourrie du quinzième sous-sol de la bulle Conrad. Si mon quartier était un vin, les connaisseurs le décriraient ainsi : « merdique, avec des accents d'échec et de décisions de vie calamiteuses ».
Les humains ont colonisé la lune, autour des dispositifs des premiers hommes à avoir été sur la lune. Une ville s'est formée, en quelques dômes bien protecteurs, et avec une hiérarchie que l'on connaît déjà bien sur Terre : les beaux quartiers pour les riches, les sous-sols miteux pour les pauvres, et bien sûr chaque communauté est regroupée ensemble - vous voyez ce que je veux dire. Andy Weir fait tout son possible pour installer un décor plausible, crédible et détaillé, qui fait que l'on a vraiment l'impression d'en faire la visite en la compagnie de l'héroïne, Jazz, jeune coursière et contrebandière qui n'a pas voulu faire carrière avec son père dans la soudure. Un jour, un des hommes les plus riches lui confie une mission de sabotage qui tourne à l'eau. Des morts, des complots, des secrets louches... Bienvenue dans la mafia lunaire.
Nous faisons notre possible pour empêcher la poussière lunaire d'entrer dans la ville. Même après ma mésaventure avec la valve défectueuse, je n'avais pas oublié de me nettoyer. Pourquoi s'embêter à ce point ? Parce que la poussière lunaire est mauvaise à respirer. Très mauvaise. Elle est constituée de minuscules cailloux extrêmement abrasifs car il n'y a pas de phénomènes climatiques pour les lisser. Chaque grain est susceptible de devenir un cauchemar attendant de s'introduire dans vos poumons pour les déchirer. Franchement, il vaut mieux fumer un paquet de cigarettes à l'amiante que de respirer cette merde.Au niveau de la colonisation, rien de très nouveau sous le soleil, tout est toujours très bien catégorisé, les inégalités sont bien présentes, et on se demande quoi en tirer ? Encore trop chère pour être viable ou accessible à tous.tes, elle reproduit les mêmes schémas en les radicalisant encore plus. L'exploitation des matières premières est peut-être mieux gérée sur la Lune, ce qui représente bien le seul bénéfice. Est-ce qu'on peut donc dire que c'est un livre politique, écologique, policier, anticipateur...? Difficile à dire. En fait, on dirait une sorte de copie ou de condensé de la série The Expanse (avec quelques clins d'oeil explicites), dont je n'ai vu que l'adaptation TV, en plus pauvre et adressé à un autre public, moins exigeant.
Si le point fort du roman est d'être bien installé et plutôt détaillé, et si l'auteur donne vraiment l'impression d'avoir travaillé surtout l'aspect technique et architectural, on a presque plus le sentiment d'avoir vu un film bien bouclé avec peu de dialogues, pas trop non plus de complications et des choses assez convenues. Les personnages sont très clichés, passent leur temps à se tirer dans les pattes, manquent de profondeur, mais en même temps, j'apprécie l'effort d'une héroïne racisée, de plusieurs personnages d'ethnie différente et de placer des personnages homosexuels. Le langage et les dialogues sont à couper au couteau ou à couper tout court, ce qui est clairement rebutant et c'est un défaut que je retrouve beaucoup dans le cinéma SF grand public qui se veut drôle et un peu rebelle mais qui donne juste l'impression de retourner au lycée.
Bref, le livre se lit vite donc ça se tente, mais pour moi la forme perd le fond. Ça passe pour de la littérature young adult, mais difficilement pour les amateurs de SF de longue date. Je n'ai ni vu ni lu Seul sur Mars (l'autre livre de Andy Weir), mais peut-être est-ce que ça passerait mieux sur grand écran ? À voir, puisque les droits ont déjà été acquis.
par Mrs.Krobb
Artémis de Andy Weir
Littérature américaine (traduction par Jürgen Langowski)
Bragelonne, janvier 2018
21,50 euros
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