Dans la clinique, il y a le groupe des Suicidants - ceux qui sont passé à l'acte. Parmi eux, Alex, qui vient d'arriver, qui a voulu arrêter son cœur de battre, parce que ça ne sert à rien de vivre si ceux qu'on aime finissent par mourir. Alice, nouvelle également, parce que pour elle c'est toujours l'hiver et que tous les hommes sont de potentiels violeurs. Victor, petit jeune moqué à cause de son poids. Colette, qui a déjà beaucoup vécu, et qui aurait voulu partir en même temps que son Lucien. Jacopo, millionnaire que tout emmerde. Reliés ensemble par leur envie d'en finir, ils décident de s'échapper de la clinique pour rejoindre le manoir de Jacopo et se jeter ensemble de la falaise.
Et merde, j'ai pensé. Parce que j'avais senti mon cœur battre. Ce foutu cœur que j'avais tout fait pour arrêter, il tapait vite et fort. Et j'ai compris ce que c'était : l'effet d'une réaction physiologique destinée à faire copuler deux individus d'une même espèce dans le but de se reproduire, ce truc que l'on appelle communément l'Amour. Je ne voulais pas de ça.Mais c'est sans compter le soutien qu'il s'apporteront mutuellement - puisqu'on ne peut pas vraiment compter sur ceux qui travaillent à la clinique - et les bons conseils qu'ils se donneront pour aller mieux. Malgré une volonté de se fermer à l'amour, à l'amitié et aux gens, principalement pour ne pas souffrir, il y a bien quelque flamme qui brûle encore dans leurs hivers respectifs. Surtout pour Alex, tombé amoureux d'Alice au premier instant.
« À chaque fois que ce type s'émerveille, j'ai envie de l'étrangler ! »Le suicide, la mort, la souffrance, la dépression... autant de sujets pas faciles à aborder, encore plus lorsqu'il s'agit d'en faire un roman pour adolescent•e•s. Mais le défi est relevé ici par Axl Cendres, d'une façon à la fois lucide, et dure, mais avec un vernis de douceur, de bienveillance et de soutien. Entre suicidaires, on se comprend, on ne se juge pas, on peut parler de sa douleur sans faire fuir les autres, on peut parler de solitude, de tristesse profonde, de blessures à vif.
Alice, sourire en coin, lui a répondu :
« Quand tu as envie de l'étrangler, tu ne penses ni au passé ni à l'avenir : ça veut dire que c'est de la Pleine Conscience ! »
« Tu as raison. Je le lui dirai la prochaine fois ! »
« Je suis sûre qu'il va trouver ça merveilleux. »
« On dit que les hommes cruels sont inhumaines, on les compare aux animaux, mais aucun animal ne peut avoir de l'imagination dans la cruauté. La pire cruauté est humaine. »Un road trip inhabituel, qui m'a fait penser au film The Road Within, composé de personnages assez hétéroclites, qui commence mal et qui finit bien. J'avais un peu peur au début et j'ai été agréablement surprise. D'ailleurs, ça m'a rappelé une nouvelle que j'avais écrite à mes quinze ans, et rien que pour ça on peut dire que ça m'a touchée personnellement. Un mélange de cynisme, de sarcasmes, d'humour, de poésie, d'aphorismes, de critique du milieu psychiatrique mais pas trop non plus, et surtout, une sorte de décomplexion autour du sujet de la folie, de la maladie mentale - malgré quelques stéréotypes.
« Les histoires de bonheur font chier tout le monde. »Bonus : la playlist du livre + extraits 1, 2
par Mrs.Krobb
Coeur battant de Axl Cendres
Littérature française
Sarbacane, septembre 2018
15,50 euros
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