Ça m'a rappelé les jeux de piste qu'elle inventait pour Emma et moi quand on était plus jeunes. Elle construisait toujours des histoires incroyables autour des énigmes, tellement que si elle ne s'était pas lancée dans l'évènementiel, je l'aurais encouragée à devenir écrivaine. Chaque indice, chaque mystère, chaque carte au trésor... Je les conservais tous précieusement dans un classeur comme des pièces de musée.C'est la fin de l'année au collège, tout le village prépare la fête de la Saint-Jean, et surtout la tante de Chloé (celle qui fait des jeux de piste). Chloé est la narratrice de l'histoire, sa meilleure amie est Emma, mais son meilleur confident reste son cheval, Ocasso. Et quand on a autant de questions en tête et qu'on fait de l'anxiété sociale, c'est plus facile. Son père travaille à l'hôpital, et c'est tant mieux car Chloé souffre du cœur - et pas uniquement parce que sa mère est partie depuis longtemps ou que sa petite sœur ne lui parle plus.
J'ai grimacé. Emma avait le don d'organiser les choses au dernier moment, et elle savait très bien à quel point ça me fatiguait.À l'occasion des vacances, la cousine d'Emma vient passer du temps chez elle, et celle-ci est toute contente de la présenter à Chloé. « Tu verras, elle est souvent dans son monde. Comme toi ! Vous devriez vous entendre. » Il s'avère que ce sera le cas : Chloé et Julie vont passer beaucoup de temps ensemble, dans une sorte d'alchimie parfaite, loin des ragots et des sermons sur les garçons qui seront présents à la fête...
- Tu me jures de combler les silences, si je viens ?
- Mais oui, elle s'est agacée.
Ce serait donc Jules Verne qui me tiendrait compagnie ce soir-là. « De la Terre à la Lune »... Est-ce que j'irais là-bas si j'en avais l'occasion ? Les questions y étaient peut-être plus légères, et on devait y prendre de belles photos. Je demanderais son avis à Julie quand on se verrait. D'après Emma, elle y passait déjà tout son temps. Comme moi. Quand je pense que la Lune est assez grande pour qu'on ne s'y soit jamais croisées avant...C'est une belle histoire, sur la famille, l'amitié et les premiers amours, qui installe beaucoup de tendresse, de questionnements, un peu de rebondissement et une grande complicité. Il y est question aussi de séparation et de deuil, et ces thèmes sont abordés de façon toute simple, sans drame. Mais surtout, et c'est presque la raison d'être du roman : l'autrice y aborde une romance absolument adorable entre deux jeunes filles, ce qui en fait un très bon livre pour expliquer que « les amoureuses c'est pas que pour les garçons », mais aussi qu'on peut être attiré•e autant par les deux. Et puis, très important : la question du consentement.
Je devais avoir six ans quand j'avais commencé à conserver tout mon courrier, et avec le temps, j'avais développé un code couleur pour ne pas m'y perdre : une boîte violette pour les cartes postales, une jaune pour les cartes de voeux et une rouge pour les lettres et les mots comme celui de Julie. Il y avait une dernière boîte, la boîte bleue, cachée derrière les couettes et les vêtements d'hiver. Mais celle-ci, je n'avais plus aucune raison de l'ouvrir.En dehors de ça, je trouve ça très important d'avoir un personnage principal handicapé non seulement par sa maladie, mais aussi par son anxiété sociale, et je la soupçonne également d'être autiste, grâce à quelques indices disséminés tout au long du livre - mais ça n'est jamais dit, il s'agit simplement de mon interprétation. On a donc une jeune fille un peu hors des normes, mais qui en est deux fois plus attachante, et c'est très réjouissant pour celleux qui pourront s'y identifier, d'autant plus que c'est une histoire très positive, malgré les difficultés.
Je haïssais ce moment, celui où je devais m'expliquer sur ma maladie et subir le regard des autres, celui où ils comprenaient que je n'étais pas tout à fait comme eux et s'en servaient comme prétexte pour me rabaisser. Sans parler de tous ceux qui m'accusaient de jouer la comédie... (...) À la surprise se succéderaient les questions sur ce que je pouvais faire ou ne pas faire, puis, au choix, la pitié ou les moqueries.Le livre se lit plutôt vite, avec ses 140 pages, et se découpe en 15 chapitres (2 par jour à peu près, l'histoire se passant sur une semaine), plus un épilogue. L'écriture et l'interligne permettent une lecture très agréable, avec un super point bonus pour la couverture qui est toute douce, un peu comme le revers des moules en silicones qui rappellent les très nombreuses pâtisseries réalisées dans le livre. Et bien que je sois plutôt loin de ma zone de confort en terme de type de lecture, j'y ai plongé d'une traite, avec beaucoup d'amour pour les personnages, une boule dans la gorge à certains moments et un grand apaisement grâce au happy ending (oups, spoilers!). J'ai beaucoup aimé les références à Jules Verne, aux chasses au trésor et à la peluche dinosaure - mais pas que - et j'aurais vraiment vraiment adoré avoir ce livre entre les mains à mon adolescence. Dépêchez-vous de l'acquérir - que ce soit pour vos enfants en questionnement ou même pour les grands qui ont envie d'un peu de légèreté -, c'est un livre parfait pour passer l'été !
Lizzy Brynn, née dans la seconde moitié du XXe siècle à environ 7067 km de Zanzibar, se passionne pour l'art de la sieste dès son plus jeune âge. Elle aime les puzzles, les amoureuses, les crêpes au sucre et les petites languettes qui dépassent des compartiments à piles, c'est rigolo ça fait « shtong-shtong ». Si vous la croisez un jour dans la rue, ne paniquez pas : sa vision est basée sur le mouvement.Bonus : retrouvez Lizzy Brynn sur Facebook pour les actualités du livre ou sur Twitter pour des jeux de mots de qualité + extraits 1, 2, 3
par Mrs.Krobb
Emma, sa cousine et moi de Lizzy Brynn
Littérature jeunesse française (à partir de 9 ans)
Donkey Junior, juin 2019
10,95 euros
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