Mais les choses étaient différentes dans le monde des blancs. Tout passait par le dessin et les feuilles blanches, depuis des temps immémoriaux. Ce que Papé Nati trouvait stupide et ridicule. Mais si Joues-Basses et ses amis blancs ne pouvaient pas rentrer avec une preuve de leur contact, personne ne croirait, là-bas, chez eux, qu'il y avait un peuple à protéger, ici, dans ce coin de la forêt.L'histoire commence dans un tout petit village en Amazonie, près d'une forêt où se trouve une plante miraculeuse qui provoque des guérisons instantanées, la "plante-grenouille", qui va vite être accaparée par les blancs sans aucun scrupule pour les locaux. Cette plante, on la retrouve ensuite à Paris, où les labos peinent à la garder en vie plus de quelques heures : son secret reste donc entier.
Quand cette dernière, inquiète et insistante, eut demandé pour la vingtième fois où était sa mère, l'assistance sociale, excédée, lui répondit qu'elle s'en était allée dans le monde des rêves. Pour un bon moment a priori, peut-être même pour toujours. Remarquant l'expression bizarre de la fillette à cette annonce, elle précisa qu'elle pourrait la revoir chaque nuit, dans son sommeil. Mais profondément blessée de savoir que sa mère était partie sans elle, et croyant qu'elle l'avait abandonnée, Hélène décida à cet instant qu'elle ne dormirait plus jamais.En parallèle, nous retrouvons la jeune Hélène, désormais orpheline, qui finit par se retrouver en clinique du sommeil, puis mystérieusement kidnappée par une Sage-Fée, qui l'introduit dans une sorte de monde enchanté, où les jardins foisonnent, où la nourriture est reine et où elle finit par recommencer à dormir. Ce monde, comme la plante-grenouille, reste secret des humains, et l'on découvrira peut-être un lien entre les deux...
Au milieu du dôme, un tronc interminable grimpait jusqu'au sommet, torsade sans fin se transformant en huit longues spirales qui tournaient et retombaient tout autour du jardin comme les bras d'une galaxie. Une fois, c'était un potager suspendu aux couleurs folles qui allait en s'élargissant petit à petit pour finalement se confondre aux plantes terrestres. La fois suivante, c'était un ruisseau joyeux glissant le long de la paroi jusqu'au sol où il disparaissait vers le canal souterrain. On se serait cru à l'intérieur d'une coquille d'escargot aménagée en jardins fantastiques.Comme un arbre aux branches multiples, l'histoire part d'abord de plein d'extrémités différentes, pour sembler se rejoindre à un moment (probablement dans les deux tomes suivants ?), et on peine un peu à trouver le lien entre les différentes parties : l'Amazonie, le directeur de laboratoire, l'orphelinat, le monde-merveille, les souterrains du métro... D'autant plus que le registre change régulièrement entre ces parties : critique de la colonisation, botanique, esprits, récit de vie, fantastique-féérique, thriller, cyberpunk... Difficile de maîtriser une certaine homogénéité avec tant de variété, mais on a envie de se dire que ça se tient, même s'il est compliqué de savoir si ça s'adresse à un public jeunesse ou à un public plus averti, car les deux niveaux se rejoignent.
À la prochaine bifurcation, il suivit la flèche peinte sur le mur, surmontée du mot « Haxo ». Il se dirigeait vers la station fantôme, cette station de métro sans accès vers la surface construite un siècle plus tôt entre la Porte des Lilas et la butte du Chapeau Rouge. Une station abandonnée pour des raisons financières avant même d'avoir vu le jour. Il passa une seconde porte et arriva sur une nouvelle voie. La Voie des Fêtes. Drôle de nom pour une voie qui n'avait pas vu un seul usager, ni entendu une seule note de musique depuis sa création. Les tags sur les parois du tunnel étaient partout, fresques gigantesques ou simples signatures de vandales sans envergure. Là, une phrase dans une écriture stylisée, étalée sous la lueur jaune : Vous entrez dans le Pré de l'Asphodèle. Le Pré de l'Asphodèle, ce lieu de l'Enfer où errent ceux qui n'ont rien fait de leur vie.Le récit est construit pour donner envie de connaître la suite néanmoins, que l'on accroche ou non à certaines parties du récit, il est clair qu'il y a un engouement. On tremble, on s'enthousiasme, on visite un monde des rêves, on se retrouve enfermés dans une île inconnue, on voyage beaucoup et ce serait dommage de s'arrêter dans un si bon élan. Il ne s'agit pas vraiment d'un coup de coeur pour moi, il y a de bonnes idées de base et des personnages intéressants, mais j'ai trouvé le tout assez confus et pas toujours sur le même niveau ; cependant j'applaudis l'originalité et la vastitude des horizons, et je pense que si je mettais la main sur le deuxième je me laisserais tenter, pour la curiosité. Je remercie Babelio et les éditions 1115 pour la découverte.
« Vivace arbustive, feuilles légèrement lancéolées, fleurs solitaires, axillaires... la plante est de la famille des turnera, type turnera velutina. Mais ça, ce champignon, je n'ai jamais rien vu de tel ! Il ne la parasite pas, regarde comme il tourne autour des branches en formant une spirale. Ils sont en symbiose. »
par Mrs.Krobb
"Les Recueils d'Occultes Racines - t.1 : Le Livre d'Hélène" de Sarigan
Littérature française
Éditions 1115, octobre 2016
11 euros
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