Eugène est le genre de bande dessinée qui semble droit sortie d'un rêve : les choses commencent de façon banale, et des éléments de plus en plus étranges se rajoutent, jusqu'à ce que l'ensemble donne l'impression de marcher sur la tête. Le personnage principal ne se pose jamais de question : il accepte de travailler pour un inconnu qui ne lui explique pas sa mission, il s'embarque très très loin, avec d'autres inconnus, et ça finit avec des personnages dignes du Sans-Visage dans le dessin animé Le Voyage de Chihiro. Je n'en dis pas plus.
La singularité et l'obscur se mélangent à la simplicité du dessin, ce qui accentue d'autant plus les contrastes. Tandis que le dénouement devient de plus en plus étouffant (mais aussi cocasse), le trait de Quentin Vijoux va à l'essentiel : dessin au trait noir fin, avec parfois quelques éléments noirs, notamment des tunnels secrets et des personnages effrayants. Ça se lit vite, ça reste en tête comme un rêve-cauchemar labyrinthique qu'on n'arrive pas à oublier, duquel on doit se débattre pour revenir à soi, c'est aussi drôle que c'est intrigant, c'est totalement absurdorganique. On est comme Eugène, on se laisse porter, on ne se pose pas trop de questions - parce que les réponses risquent d'amener encore plus de questions - et on se retrouve à vivre l'expérience la plus intense sans verser jamais trop dans le trash ou le gore, avec un air presque même contemplatif. Bref, c'est tout ce que j'aime.
Bonus : interview de l'auteur sur le site de l'éditeur
par Mrs.Krobb
Eugène de Quentin Vijoux
Bande dessinée française
Michel Lagarde, janvier 2013
16 euros
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